Fascicule nº 1
Au lecteur
Dans ce petit recueil de chants et poésies populaires, que nous présentons au public socialiste, on ne trouvera rien d’inédit. Chants et poésies ont été déjà publiés, soit dans des journaux, soit dans des publications spéciales. Cependant. il en est qui sont très peu connus du public de langue française. Le Chant de la Chemise, par exemple, publié en 1844 et bien connu des révoltés de 1848, a été oublié par les générations suivantes. Lu à l’heure présente, il fait autant d’impression que lors de son apparition, car les souffrances qu’il dévoile sont ressenties aujourd’hui avec plus d’acuité encore par toute une catégorie de malheureuses qui s’usent à la confection de la lingerie. Ouvrier, prends la machine ! prends la terre, Paysan ! est un chant bien en situation à cette heure ; aux approches d’une révolution, qui pourrait bien tourner à mal après les excitations des possesseurs à un chauvinisme intéressé, répéter ce cri c’est protester contre ces excitations et montrer en même temps l’ennemi ailleurs qu’au delà d’un fleuve ou d’une montagne, là où il est en réalité, au milieu de nous, dans ceux qui vivent
Aux dépens du producteur.
Publié après 1871, ce chant n’est guère connu que des rares lecteurs des journaux socialistes de l’époque, publiés en Suisse ou en Belgique.Nous avons reproduit, quant à la poésie, quelques vers de R. Ponsard, bien de saison, de même qu’une pièce de vers du poète socialiste Hégésippe Moreau ; un apologue de Lachambeaudie, malheureusement que trop vrai ; une très belle poésie de O. Souêtre, écrite au lendemain de l’exécution de nos compagnons de Chicago. Aux lecteurs de langue italienne, nous offrons un hymne international composé par un ouvrier socialiste, et de beaux vers du compagnon Monticelli.
Sans doute il a de belles et bonnes chansons qui devraient être reproduites dans les fascicules suivants nous continuerons cette tâche, comptant beaucoup sur l’appui de tous ceux qu’intéresseront cet essai.
Quelques traductions des chansons de langue étrangère relatant les souffrances des esclaves du travail ou poussant le cri de délivrance, seraient insérées avec joie, car l’écho de ces misères et de ces luttes, qu’il nous vienne des bords du Rhin ou du Volga, serait écouté comme un encouragement. par ceux qui souffrent des mêmes maux et qui aspirent au même remède. Nous aurions ainsi un petit recueil vraiment international et méritant bien son titre : Les Chants du Peuple.
Contient :
« Ouvrier prends la machine ! Prends la terre, paysan ! » / Charles Keller (1843-1913)
« Contre la guerre » / R. Ponsard (poésie)
« Inno internazionale » / Un forgeron pisan [Stanislao Alberici Gianini (1874)]
« La pensée » (À propos des exécutions de Chicago) / Louis Gabillaud, le 12 nov. 1887
« Pendeurs et pendus » / Olivier Souêtre, le 13 nov. 1887 (poésie)
« Les voleurs » / Hégésippe Moreau (poésie)
« Le chant du pain » / Pierre Dupont (ca 1847)
« Le chant de la chemise » / Thomas Hood [+ note sur l’auteur et la chanson (1844)]
« Le marteau » / Pierre Lachambeaudie (apologue)
« Le chant des travailleurs » / Pierre Dupont (1846)
« Qui m’aime me suive ! » / Pierre Lachambeaudie
« Le roi des tisserands » / Lord Byron
« I poveri ai gaudenti » / Carlo Monticelli (1857-1913) (poésie)
« La canaille » / Alexis Bouvier (1865)