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Pendeurs et pendus

Souëtre, Olivier


Paroles d’Olivier Souvestre/Souëtre (1887).


lis ont dressé, là-bas, devant la terre entière,
Affichant l’infamie attachée aux bourreaux,
Ils ont dressé, dans la lumière,
Quatre gibets pour des héros !
Et le monde damné, saluant les victimes
Des quatre assassinats commandés par la Loi,
Vient de sentir, sur lui, de ces martyrs sublimes
Passer le souffle ardent de foi.
 
Pendeurs de Chicago, race vile et honnie,
Avez-vous savouré leurs spasmes d’agonie…
Eh bien ! de ces hideurs targuez-vous sans. remord,
Et laissez, dédaigneux, la plèbe vous maudire ;
Car le tsar daigne voue sourire,
Le tsar, ce grand pendeur de l’empire du Nord !
Et vous pouvez, repus de lâches représailles.
Marqués, comme eux, au front, du signe de Caïn,
Oui, vous pouvez donner la main
À nos fusilleurs de Versailles.
 
Donc, à chacun le prix des services rendus,
À vous l’ignominie, et la gloire aux pendus !
 
Mais ces martyrs en qui tout opprimé révère
Les défenseurs de ses droits,
Qu’ont-ils fait, pour mourir sur ce nouveau Calvaire
Où la potence a remplacé la croix ?…
 
Lutteurs assoiffés de justice,
Champions du Travail et de l’Égalité,
Pour un peuple déshérité
Ils sont, d’un cœur vaillant, descendus dans la lice
En invoquant la Liberté !
Et des bourgeois gavés la haine inassouvie,
De ce fait, appelant, sur aux la haine inassouvie,
Ils ont expié de leur vie
Le crime monstrueux de tant de dévouement !
 
Mais pour que leur mort soit féconde,
À l’œuvre, maintenant, ouvriers inconnus,
Ô rudes forgerons, travailleurs aux bras nus,
À l’œuvre pour refaire un monde !

À propos des exécutions de Chicago.

Paru aussi in : Biolley, Georges (éd.) . — Les Chants du peuple. — Genève : Imprimerie jurassienne, 1888. — Fascicule nº 1 (p. 7