Accueil > Chansons > Chant de révolte de ce 14 juillet

Chant de révolte de ce 14 juillet

Couté, Gaston


Texte de Gaston Couté (1910). Sur l’air « La Marseillaise » (1792).


La rude épaule populaire
Jeta l’Ancien Régime à bas
En un jour de juste colère :
Le peuple n’en profita pas ! (bis)
Et, sous notre ère tricolore,
Le règne odieux des bourgeois
A remplacé celui des rois :
Notre servage dure encore !
 
Refrain
Courage travailleurs ! en un noir bataillon
Marchons, marchons…
Elle viendra notre Révolution !
 
Ces gens-là viennent, camarades,
Sous notre nez, exécuter
Leurs hypocrites mascarades
En l’honneur de la Liberté (bis)
Mais, tandis que les lampions brillent,
Hervé s’endort à la Santé :
Pour étouffer la Vérité
Ils ont refait d’autres Bastilles !
 
Ils n’ont que ces mots dans la bouche :
Le Progrès et l’Humanité !
Mais si de sa tombe farouche
Aernoult pouvait ressusciter… (bis)
Car pour refaire la nature
De nos Garçons au front trop fier
À Biribi, lugubre enfer,
Ils ont rétabli la torture
 
Ils parlent aussi de Justice,
En évoquant quatre-vingt-neuf,
Mais ils ont laissé leur police
Couper la tête à Liabeuf (bis)
Et Briand, valet de nos maîtres,
a pour nous des airs insultants :
Il sait bien qu’on n’est plus au temps
où l’on guillotinait les traîtres !
 
Mais ça changera, camarades…
O vaillant peuple du Faubourg,
Qui fit jadis des barricades,
Tu te lèveras un beau jour ! (bis)
Et ce jour nos cœurs seront aises
En vous retrouvant avec nous,
Petits soldats, petits pioupious :
Dignes fils des gardes françaises.

« Chanson satirique d’actualité » parue dans La Guerre sociale (1906-1915), 4e année, nº 31 (13-19 juillet 1910).

Albert Aernoult (1886-1909), mort de sévices au camp de discipline du pénitencier de Djenan El Dar (sud algérien).
Jean-Jacques Liabeauf (1886-1910), guillotiné.
Aristide Briand (1862-1932), président du conseil des ministres.