À mon ami Félix Décori
Quand, furieux, le PopulaireBondit, grondant sur les hauteurs,Pour escamoter sa colère,Surgit le troupeau des rhéteurs.À ces fameux que l’on renomme,Le peuple, aujourd’hui, ne croit plus ;Dans son ironie, il les nomme :Les trop connus !Comme un corbeau sur un cadavre,Révolte ! ils fouillent dans ton flanc ;En Septembre, ils sont Jules Favre ;En Juin, Albert ou Louis Blanc.Lorsque les pauvres sans-culottes,Pour eux. tombent, sanglants et nus,Ils planent, dans leurs redingotes,Les trop connus !Les victimes des hécatombes,Quittez vos bières ! Venez voir !Les tribuns marchent sur vos tombes,Pour escalader le Pouvoir.De vos restes faisant litière,Vautrés comme des parvenus,Ils s’engraisscnt du Cimetière,Les trop connus !Assez de passeurs de muscades !Si, d’un autre Mars, l’astre luit,Sans chefs, et sur ses barricades,Le peuple se battra pour lui !Assez d’ « ancêtres” plus d’ « apôtres » !Les dédaignés ne veulent plusTirer les marrons pour les antres :Les trop connus !Allez-vous-en, les barbes blanches !L’avenir n’aime pas les vieux ;Pour le jour prochain des revanches,Il nous faut des bras — et des yeux !Assez de phrases à cymbales !0 Plèbe ! tes jours sont venus :La poudre aux obscurs — et les ballesAux trop connus !
25 mars 1887