Après l’premier tour d’scrutin,Comm’ par hasard i’s s’rencontrèrent :Chevaux dit : « ça va, vieux frère ?— Heu, ça branl’ dans l’manch’ — fit Jacqu’lin —— Bah ! r’prit Ch’vaux, amène,Entre radicaux, il faut qu’on se soutienne :Ta main dans la mienne !Et voyons tous deux si l’on ne pourrait pasArranger tout ça !Y-a-p’t-être un moyen !…Causons peu, mais causons bien :RefrainSi tu veux faire avec moi la Combiné,Nibé, lubé,Pin, pin ! la combinaise, ah !Tout’s mes voixSont à toi,Pour 30.000 ball’s j’peux fair’ la combinéNibé, lubé,Pin, pin ! la combinaise, ah !Vlà mon prixEt c’est un prix d’ami !« C’est trop cher pour c’que ça vaut !Tes partisans ne sont tout d’mêmeQue d’vulgair’s poir’s du Onzième ?-- De quoi, de quoi, hennit Chevaux,Pas bonnes mes poires !Mais tu n’entends rien à ce genre d’histoireTiens ! tu peux m’en croire :En te faisant l’prix que je te fais iciC’est tout juste siJ’n’y mang’ pas d’argent !…-- Bon, dit Jacqu’lin s’engageant :Refrain« Je veux bien faire avec toi la combinéNibé, lubé,Pin, pin ! la combinaise, ah !EntenduC’est venduMais r’pass’ pour toucher l’prix d’la combinéNibé, lubé,Pin, pin ! la combinaise, ah !Dans un mois :J’n’ai qu’ 40 sous sur moi ! »Après quoi s’mir’nt à chercherUn bon coin, pas trop loin pour boireUn’ bouteill’ comme à la foireAfin d’arroser leur marché ;Puis au bout d’deux s’maines,Azurés’s d’espoirs et de doux rêv’s pleines,Le grand jour s’amène !Mais alors : adieu veaux, vach’, cochons, couvé’sLe scrutin ach’véC’est comm’ qui diraitLa chut’ de leur pot au lait !RefrainVlà comm’ tout craque au mitan d’la combinéNibé, loupé,Foutu’ la combinaise, ah !Ces farceursD’électeursN’ont laissé dans l’urne et pour la combinéNibé, loupé,Foutu’ la combiné, ah !Qu’un lapinÀ l’adress’ de Jacqu’lin !Sur ce — « j’march’ plus’ » dit Jacq’lin— Ah ! canaille ! fait Ch’vaux qui s’emballe,Si tu n’raqu’s mes trent’ mill’ ballesY a des jug’s autr’ part qu’à Berlin !… »Ah ! la bonne histoire :Des candidats qui r’fus’nt de s’payer… nos poiresC’est à n’y pas croire ?Et d’entendr’ deux lascars comm’ ça gueuler :« — Zut ! je suis roulé. »Ben, on a beau dir’Ça fait tout d’même plaisir !…RefrainCar d’ordinaire au fond d’la combinéNibé, lubé,Pin, pin ! d’la combinaise, ah !Les roulésLes volésCeux qui font les frais de tout’s les combinés,Nibé, lubé,Pin, pin des combinais’s, ah !Pas d’erreur :Ce sont les électeurs !…
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L’Affaire Chevaux-Jacquelin, ou « Les affaires sont les affaires ! »
Couté, Gaston
Texte de Gaston Couté (1910). Sur l’air « La combinaise ».
« Chanson satirique d’actualité » parue dans La Guerre sociale (1906-1915), 4e année, nº 29 (29 juin-5 juillet 1910).