Accueil > Chansons > L’Affaire Chevaux-Jacquelin, ou « Les affaires sont les affaires ! »

L’Affaire Chevaux-Jacquelin, ou « Les affaires sont les affaires ! »

Couté, Gaston


Texte de Gaston Couté (1910). Sur l’air « La combinaise ».


Après l’premier tour d’scrutin,
Comm’ par hasard i’s s’rencontrèrent :
Chevaux dit : « ça va, vieux frère ?
Heu, ça branl’ dans l’manch’ — fit Jacqu’lin —
Bah ! r’prit Ch’vaux, amène,
Entre radicaux, il faut qu’on se soutienne :
Ta main dans la mienne !
Et voyons tous deux si l’on ne pourrait pas
Arranger tout ça !
Y-a-p’t-être un moyen !…
Causons peu, mais causons bien :
 
Refrain
Si tu veux faire avec moi la Combiné,
Nibé, lubé,
Pin, pin ! la combinaise, ah !
Tout’s mes voix
Sont à toi,
Pour 30.000 ball’s j’peux fair’ la combiné
Nibé, lubé,
Pin, pin ! la combinaise, ah !
Vlà mon prix
Et c’est un prix d’ami !
 
« C’est trop cher pour c’que ça vaut !
Tes partisans ne sont tout d’même
Que d’vulgair’s poir’s du Onzième ?
-- De quoi, de quoi, hennit Chevaux,
Pas bonnes mes poires !
Mais tu n’entends rien à ce genre d’histoire
Tiens ! tu peux m’en croire :
En te faisant l’prix que je te fais ici
C’est tout juste si
J’n’y mang’ pas d’argent !
-- Bon, dit Jacqu’lin s’engageant :
 
Refrain
« Je veux bien faire avec toi la combiné
Nibé, lubé,
Pin, pin ! la combinaise, ah !
Entendu
C’est vendu
Mais r’pass’ pour toucher l’prix d’la combiné
Nibé, lubé,
Pin, pin ! la combinaise, ah !
Dans un mois :
J’n’ai qu’ 40 sous sur moi ! »
 
Après quoi s’mir’nt à chercher
Un bon coin, pas trop loin pour boire
Un’ bouteill’ comme à la foire
Afin d’arroser leur marché ;
Puis au bout d’deux s’maines,
Azurés’s d’espoirs et de doux rêv’s pleines,
Le grand jour s’amène !
Mais alors : adieu veaux, vach’, cochons, couvé’s
Le scrutin ach’vé
C’est comm’ qui dirait
La chut’ de leur pot au lait !
 
Refrain
Vlà comm’ tout craque au mitan d’la combiné
Nibé, loupé,
Foutu’ la combinaise, ah !
Ces farceurs
D’électeurs
N’ont laissé dans l’urne et pour la combiné
Nibé, loupé,
Foutu’ la combiné, ah !
Qu’un lapin
À l’adress’ de Jacqu’lin !
 
Sur ce — « j’march’ plus’ » dit Jacq’lin
Ah ! canaille ! fait Ch’vaux qui s’emballe,
Si tu n’raqu’s mes trent’ mill’ balles
Y a des jug’s autr’ part qu’à Berlin !… »
Ah ! la bonne histoire :
Des candidats qui r’fus’nt de s’payer… nos poires
C’est à n’y pas croire ?
Et d’entendr’ deux lascars comm’ ça gueuler :
« — Zut ! je suis roulé. »
Ben, on a beau dir’
Ça fait tout d’même plaisir !…
 
Refrain
Car d’ordinaire au fond d’la combiné
Nibé, lubé,
Pin, pin ! d’la combinaise, ah !
Les roulés
Les volés
Ceux qui font les frais de tout’s les combinés,
Nibé, lubé,
Pin, pin des combinais’s, ah !
Pas d’erreur :
Ce sont les électeurs !…

« Chanson satirique d’actualité » parue dans La Guerre sociale (1906-1915), 4e année, nº 29 (29 juin-5 juillet 1910).