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La Grève générale

Keller, Charles


Texte de Jacques Turbin [Charles Keller] (1906). Sur l’air (1888) : « L’Internationale » ou sur un air populaire.


1
Ô toi qui penches vers la terre
Ton front pâli par la douleur,
Redresse-toi, fier prolétaire,
L’avenir apparaît meilleur !
Ce n’est pas à coups de mitraille
Que le Capital tu vaincras.
Non, car pour gagner la bataille,
Tu n’auras qu’à croiser les bras !
 
Refrain
Pour la chute fatale
Des exploiteurs tyrans,
La Grève générale
Nous fera triomphants.
 
2
La meilleure arme pour abattre
Les détenteurs du Capital
(Cette affreuse engeance marâtre),
C’est le chômage général
Nous qui fournissons leur pâture,
Arrêtons enfin notre essor ;
Laissons-leur, comme nourriture,
Leurs billets de banque et leur or !
 
refrain
 
3
Chaque jour, la mort, la misère
Fauche parmi le travailleur
La nécrose prend l’ouvrière
Le grisou guette le mineur.
Chauffeur, sur ta locomotive,
Marin, sur les flots en fureur,
Couvreur, sur le toit en déclive,
Votre destin est-il meilleur ?
 
refrain
 
4
Il est temps que tout abus cesse :
Plus d’exploités, plus d’exploiteurs !
Nous, qui produisons ni richesse,
N’avons que misère et douleur !
Pour que le vieux monde s’écroule
Sur les ruines du Capital
Travailleurs, groupons-nous en foule ;
Soyons prêts au premier signal !
 
refrain
 
5
À la grande couvre humanitaire,
Chacun doit donner son effort :
De bonheur il faut part entière
Au plus faible comme au plus fort,
Bannissons partout la détresse ;
Il ne faudra plus voir, demain,
D’oisifs qui crèvent de richesse,
Quand le travailleur meurt de faim
 
refrain
 
6
Le clan abject des parasites
De la terre disparaitra :
Rentiers patrons, mouchards, jésuites
Toute la clique y passera !
Bourgeois, si tu veux ta pitance,
Comme nous tu travailleras ;
Tu ne pourras t’emplir la panse
Seulement quand tu produiras !
 
refrain
 
7
Pourront-ils compter sur l’armée,
Tous ces tigres qui, sans pitié.
Font hécatombe, chaque année,
De centaines de salariés ?
Non, à présents fils, nos frères
Ne sont plus vil bétail humain
Parfois, les balles meurtrières
Pourraient se tromper de chemin !
 
refrain

Paru dans : Le Chansonnier de la révolte (Groupement libertaire du Valais, ca 1906, p. 9-10).

Paru aussi dans le « Supplément littéraire » aux Temps nouveaux. — Paris : 1895-1914. — Vol. 5, nº 44, p. 347, suppl. au 12e année, nº 22 (29 septembre 1906), qui indique « Publié avec la notation musicale par Le Cri populaire de Nancy. ».

Paru aussi in La Voix du peuple : organe de la Fédération des unions ouvrières de la Suisse romande (Lausanne, 1906-1914), in 8e année, nº 7 (15 février 1913).