1Sur son navire un capitaineTransportait des noirs au marché.L’ennui les tuait par vingtaine :Peste ! dit-il ; quel débouché !Fi, que c’est laid, sots que vous êtes !Mais j’ai de quoi vous guérir tous.Venez voir mes marionnettes ; / Bons esclaves, amusez-vous. (bis)2Pour tromper leur douleur mortelle,Soudain un théâtre est monté ;Soudain paraît Polichinelle,Pour des noirs grande nouveauté.D’abord ils ne savent qu’en dire,Ils se regardent en dessous ;Puis aux pleurs se mêle un sourire. / Bons esclaves, amusez-vous. (bis)3Voilà monsieur le commissaire ;Il s’attaque au roi des bossus,Qui, trouvant un exemple à faire,Vous l’assomme et souffle dessus.Oubliant tout, jusqu’à leurs chaînes,Nos gens poussent des rires fous.L’homme est infidèle à ses peines : / Bons esclaves, amusez-vous. (bis)4Le diable vient ; l’ange rebelleLeur plaît surtout par sa couleur.Il emporte Polichinelle ;Autre accroc fait à la douleur.Cette fin charme l’auditoire :Un noir a triomphé pour tous.Les pauvres gens rêvent la gloire : / Bons esclaves, amusez-vous. (bis)5Ainsi, voguant vers l’AmériqueOù s’aggraveront leurs destins,De leur humeur mélancoliqueIls sont tirés par des pantins.Tout roi que la peur désenivreNous prodigue aussi les joujoux.N’allez pas vous lasser de vivre : / Bons esclaves, amusez-vous. (bis)
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