Au temps où les buissons flambent de fleurs vermeilles,Quand déjà le bout noir de mes longues oreillesSe voyait par-dessus les seigles encor verts,Dont je broutais les brins en jouant au travers,Un jour que, fatigué, je dormais dans mon gîte,La petits Margot me surprit. Je m’agite,Je veux fuir. Mais j’étais si faible, si craintif !Elle me tint dans ses deus bras : je fus captif.Certe elle m’aimait bien, la gentille maîtresse.Quelle bonté pour moi, que de soins, de tendresse !Comme elle me prenait sur ses petits genouxEt me baisait ! Combien ses baisers m’étaient doux !Je me rappelle encor la mignonne cachetteQu’elle m’avait bâtie auprès de sa couchette,Pleine d’herbes, de fleurs, de soleil, de printemps,Pour me faire oublier les champs, les libres champs.Mais quoi ! l’herbe coupée, est-ce donc l’herbe fraîche ?Mieux vaut l’épine au bois que les fleurs dans la crèche.Mieux vaut l’indépendance et l’incessant périlQue l’esclavage avec un éternel avril.Le vague souvenir de ma première vieM’obsédant, je sentais je ne sais quelle envie ;J’étais triste ; et malgré Margot et sa bontéJe suis mort dans ses bras, faute de liberté.
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Épitaphe pour un lièvre
Richepin, Jean
Texte de Jean Richepin (1876).
Tiré de : Richepin, Jean. La Chanson des gueux. Paris : Libr. illustrée G. Decaux, 1876.
Paru aussi in : La Révolte : organe communiste-anarchiste. — Paris : 1887-1894. — Année 4, suppl. litt. au nº 42 (27 juin 1891)
Paru aussi in : Richepin, Jean. — Quelques vers. — Bruxelles : Bibliothèque des temps nouveaux, 900. — 48 p. ; 18 cm. — (Publications de la Bibliothèque des Temps nouveaux ; 22).