Accueil > Chansons > L’Amour maternel

L’Amour maternel

Bizeau, Eugène


Texte d’Eugène Bizeau (1911). Musique d’Auguste Fay.


1
Pour les petits que la détresse affame,
Comme pour ceux par la chance accueillis,
J’ai rayonné dans le cœur de la femme
En tous les temps et dans tous les pays.
Sur les berceaux où repose l’enfance
Craignant la Parque au dessein criminel
De se pencher, je lui fais la défense :
C’est la chanson de l’amour maternel !
 
2
Je fais aussi de duvet et de laine
Le nid joyeux dans les branches tressé
Et sur l’herbage et les fleurs de la plaine.
Par la brebis l’agnelet caressé.
Je fais rugir la bête carnassière
Quand, poursuivis par le chasseur cruel,
Tous ses petits ont mordu la poussière
C’est la chanson de l’Amour maternel !
 
3
Je pleure, hélas ! sur les immenses tombes
Ou sont jetés les hommes de vingt ans
Dont la mitraille en folles hécatombes,
Fauche l’espoir, le rêve et le printemps.
Je suis meurtri par la même torture
Quand, trafiquant de son charme éternel,
Je vois Laïs outrager la nature :
C’est la chanson de l’Amour maternel !
 
4
Ah ! m’épargnant l’infernale souffrance
Qui vient alors pour toujours me briser,
Vierge, de l’or, échappe à l’attirance ;
Aime à plein cœur : ne vends pas ton baiser !
Peuple, cessant vos sanglantes batailles,
De la moisson d’un monde fraternel
Dès aujourd’hui préparez les semailles :
C’est la chanson de l’Amour maternel !

http://anarlivres.free.fr/pages/biblio/complements_texte/ChansonsBizeau.html

Paru dans :
Bizeau, Eugène. — Les Chansons qui passent… / mus. Auguste Fay. — Paris : La Muse rouge, 1911. — 8 p.