Au citoyen Bouty.
(refrain)Le travail manque !Il est grand temps,Les enfants,D’aller faire un tour à la banque.1Voilà des mois qu’on ne fait rien,Cependant, comme un galérien,On arpente la capitale,Et sans une croûte à ronger,L’estomac bat la généraleÀ la porte du boulanger.refrain2La faim a gagné nos faubourgs ;Ça ne peut pas durer toujours.Car les femmes crieraient ; Tant pireQuand nos enfants veulent du pain.C’est pas possible de leur dire :Nous vous en donnerons demain.refrain3On jeûne et l’on est endetté,Tout est au Mont-de-piété,On couche à même la litière,On a mis jusqu’aux draps de lit !Et l’on a beau pleurer misère,Les marchands ne font plus crédit.refrain4Il paraît que les financiers,Les commerçants, les usiniers,Sont logés à la même enseigne.Ils font faillite à qui mieux mieux.Les pauvres gens ! Le cœur m’en saigne !Si nous pouvions faire comme eux !refrain5Ne serait-il pas plus moral,Pour mieux remédier au mal,De troubler un peu l’existenceDes crésus et des ripailleursQui condamnent à l’abstinenceLa famille des travailleurs ?…refrain6En bonne comptabilité,Il est de toute utilitéQu’on nous ouvre un peu ce « Grand livre »Pour que nous connaissions… en cas…Ceux que nous faisons si bien vivreAlors que nous ne vivons pas.refrain7Tous les gouvernements défuntsOnt bien contracté des emprunts.Puisque la crise est générale,Faisons notre emprunt ouvrier…La République SocialeSignera les bons à payer !refrain
Paris-Montmartre, 1884