Je suis parti sans savoir oùComme une graine qu’un vent fouEnlève et transporte :À la ville où je suis alléJ’ai langui comme un brin de bléDans la friche morteNotre Dame des Sillons !Ma bonne Sainte Vierge, à moi !Dont les anges sont les grillonsO Terre ! Je reviens vers toi !J’ai dit bonjour à bien des gensMais ces hommes étaient méchantsComme moi sans doute.L’amour m’a fait saigner un jourEt puis j’ai fait saigner l’AmourAu long de ma route.Je suis descendu bien souventJusqu’au cabaret où l’on vendL’ivresse trop brève ;J’ai fixé le ciel étoiléMais le ciel, hélas ! m’a sembléTrop haut pour mon rêve.Las de chercher là-haut, là-basTout ce que je n’y trouve pasJe reviens vers celleDont le sang coule dans mon sangEt dont le grand cœur caressantAujourd’hui m’appelle.Au doux terroir où je suis néJe reviens pour me prosternerDevant les miraclesDe celle dont les champs sans finDe notre pain de notre vinSont les tabernacles.Je reviens parmi les guéretsPour gonfler de son souffle fraisMa poitrine infâme,Et pour sentir, au seuil du soir,Son âme, comme un reposoirS’offrir à mon âme.Je reviens, ayant rejetéMes noirs tourments de révoltéMes haines de Jacques,Pour que sa Grâce arrive en moiComme le dieu que l’on reçoitQuand on fait ses Pâques.