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Fait divers

Lamballe, Albert


Texte d’Albert Lamballe (≤1905). Sur l’air « Le Pendu de Saint-Germain » (1888) musique de Camille Baron (sur un texte de de Maurice Mac-Nab).


À mes amis les agents

Près du Boul’vard de la Madeleine
Certain soir, un petit cabot,
Hurlait, criait à perdre haleine
Sous l’œil paternel d’un sergot.
Le sergot qu’était un brave homme
Se disait en le regardant :
Pour brailler aussi fort, en somme ! / Il doit souffrir assurément (bis)
 
Le cabot se tordait sans cesse
Sans cess’ le cabot se tordait,
Son regard rempli de tristesse
Vers le bon sergot se fixait
D’une façon bien lamentable ;
Le cabot, en criant plus fort,
Implorait la main charitable / De ce sergent d’ville au cœur d’or (bis)
 
L’brave agent ne sachant que faire
A c’moment restait embêté Et s’disait :
On un’ sale affaire
Si c’est le chien d’un député.
Mais soudain il crie : saperlotte !
En voyant c’qu’avait l’animal…
C’était simplement une crotte / Qui lui bouchait… l’original. (bis)
 
Aussitôt rempli de courage,
Ne pensant mêm’ pas au danger,
Il saisit alors plein de rage
La p’tit crott’ sans la ménager,
La r’tirant d’un geste de haine
Ainsi qu’une épée d’un fourreau,
On aurait dit Monsieur Dumaine / Jouant la Dame de Montsoreau. (bis)
 
Mais le plus joli de l’histoire
Le maitre du p’tit chien étant
Un homme influent, faut le croire,
Huit jours après cet incident.
Le brave agent d’la République,
De sauviage avait un’ mention
Pour avoir dans un cas critique / Rétabli la circulation. (bis)

Paru aussi in : La Chanson ouvrière : édition trimestrielle des œuvres des poètes et chansonniers du prolétariat (1905-1905), nº 1 (1905, mars).