À mon ami Basly
Martyr du Prolétariat,Le mineur, c’est le PariaDe la Terre.Il sait qu’enfanté dans les pleurs,Il doit être un souffre-douleursSur la Terre.Tout comme un riche, il a du sang,Pourtant, sans murmure, il descendSous la Terre.Il a soif d’azur, de grand airCependant il vit comme un ver :Dans la Terre.De l’heure où commence à rougirLe soleil, qui semble surgirDe la Terre.Où la lune. pâle, s’éteint ;De l’heure où chante le matin,Sur la Terre,Jusqu’à l’heure où vers le couchant.Le soleil tombe, au bout du champ,Sous la Terre.Auprès de sa lampe Davy,Le noir mineur respire et vitDans la Terre.Souvent, férocité du Sort !Une clameur sinistre sortDe la Terre.Alors, des mères, des marmotsOn entend rouler les sanglotsSur la Terre.C’est l’insatiable grisouQui, dans de la chair, fait son trouSous la Terre.Le mineur, prés de son flambeau,Lui-mème a creusé son tombeauDans la Terre.Les mangeurs d’hommes, cuits et crus,Les parasites, les ventrusDe la Terre,Les morts vous donnent rendez-vous…Pour mieux entendre, couchez-vousSur la Terre.Percevez-vous ce grand bruit sourd,Ce tonnerre étouffé qui courtSous la Terre ?Tremblez !… C’est le grisou final !…Écoutez pousser GerminalDans la Terre !…
6 mars 1887