Accueil > Chansons > À bord de la Virginie

À bord de la Virginie

Michel, Louise


Texte de Louise Michel (1873). Musique de Michèle Bernard (2001).


Voyez, des vagues aux étoiles
Peindre ces errantes blancheurs !
Des flottes sont à pleines voiles
Dans les immenses profondeurs ;
Dans les cieux, des flottes de mondes,
Sur les flots, les facettes blondes
De phosphorescentes lueurs.
 
Et les flottantes étincelles,
Et les mondes au loin perdus
Brillent ainsi que des prunelles ;
Partout vibrent des sons confus.
Au seuil des légendes nouvelles
Le coq gaulois frappe ses ailes.
Au gui l’an neuf, Brennus, Brennus.
 
L’aspect de ces gouffres enivre.
Plus haut, ô flots ! plus fort, ô vents !
Il devient trop cher de vivre,
Tant ici les songes sont grands ;
Il vaudrait bien mieux ne plus être
Et s’abîmer pour disparaître
Dans le creuset des éléments.
 
Enflez les voiles, ô tempêtes !
Plus haut, ô flots ! plus fort, ô vent !
Que l’éclair brille sur nos têtes,
Navire, en avant ! en avant !
Pourquoi ces brises monotones ?
Ouvrez vos ailes, ô cyclones !
Traversons l’abîme béant.

(septembre 1873)


En route pour la déportation en Nouvelle-Calédonie.


Record : Bernard, Michèle. L’Oiseau noir du champ fauve : cantate pour Louise Michel