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Les Bagnes d’enfants

Loréal, Louis


Texte de Louis Loréal (1927 ?). Musique par Eugène Bernard.


1
Un beau jour, un pauvre gamin
L’âme pleine d’insouciance
Commet un futile larcin
Imputable à l’inconséquence.
Si son père a de la fortune
Les magistrats souriront de pitié,
Mais s’il est un fils d’ouvrier
On l’enverra jusqu’à la « vingt et une »
Dans un de ces bagnes maudits
Où l’on torture les petits.
 
(Refrain)
Honte aux bourreaux de l’enfance,
Lâches créateurs de souffrance !
Écoutons la malédiction
S’élever des maisons de correction
Parents on torture vos gosses !
Entendez leurs plaintes atroces.
Honte à leurs chaouchs malfaisants.
Abolissons tous les bagnes d’enfants !
 
2
Traités plus durement qu’un chien
L’enfant est mis au rang de bête
Et l’arbitraire du gardien
Sait lui faire courber la tête.
Dans la salle de discipline
Il marchera des dix heures durant
Et s’il tombe épuisé, mourant,
C’est le cachot, voire la crapaudine.
Lors, appelant : Maman ! maman !
Il verse des larmes de sang.
 
refrain
 
3
Comme au bagne, en ces lieux maudits
Règnent les mœurs les plus infâmes,
Rentrés innocents, les petits
Verront se pervertir leurs âmes.
Et quand enfin de la géhenne,
Ayant fini leur temps, ils sortiront
Beaucoup trop d’entre eux connaîtront
Ou Biribi, la Centrale, ou Cayenne.
Car les maisons de correction
Sont des antres de perdition
 
refrain

Publié aussi dans le recueil nº 15 (1927) de Nos chansons (1920-1930) de La Muse rouge.

Paru aussi in : Brécy, Robert. — Autour de La Muse rouge : groupe de poètes et chansonniers révolutionnaires, 1901-1939. — Saint-Cyr-sur-Loire : Christian Pirot, 1991. — 254 p. (p. 163).