Malgré que j’soye un roturier,Le dernier des fils d’un PoirierD’la ru’ Berthe,Depuis les temps les plus anciens,Nous habitons, moi-z-et les miens,À Montmerte.L’an mil-huit-cent-soixante et dix,Mon papa qu’adorait l’trois sixEt la verte,Est mort à quarante et sept ans,C’qui fait qu’i r’pose d’puis longtemps,À Montmerte.Deux ou trois ans après je fisC’qui peut s’app’ler, pour un bon fils,Eun rud’ perte :Un soir, su’ l’boul’vard Rochechouart,Ma pauv’ maman se laissait choir,À Montmerte.Je n’fus pas très heureux depuis,J’ai bien souvent passé mes nuits,Sans couverte,Et ben souvent, quand j’avais faim,J’ai pas toujours mangé du pain,À Montmerte.Mais on était chouette, en c’temps-là,On n’sacrécœurait pas sur laButte déserte,Et j’faisait la cour à Nini,Nini qui voulait fair’ son nid,À Monmerte.Un soir d’automne à c’qui paraît,Pendant qu’la vieill’ butte r’tirait,Sa robe verte,Nous nous épousions dans les foins,Sans mair’, sans noce et sans témoin,À Montmerte.Depuis nous avons des marmots :Des p’tits jumell’s, des p’tits jumeauxQui f’ront, certes,Des p’tits Poirier qui grandiront,Qui produiront et qui mourront,À Montmerte.Malgré que j’soye un roturier,Le dernier des fils d’un PoirierD’la ru’ Berthe,Depuis les temps les plus anciens,Nous habitons, moi-z-et les miens,À Montmerte.
Accueil > Chansons > À Montmerte
À Montmerte
Bruant, Aristide
Texte et musique d’Aristide Bruant (1888).
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9297122
Chanson parue dans : Bruant, Aristide. — Dans la Rue : chansons et monologues : vol. 1 ; Ill. Steinlen (A. Bruant, 1889, p. 167).
Chanson aussi parue dans La Sociale nº 28 (17-24 novembre 1895) avec comme surtitre « Dans le rue ».