Là-bas, sur les coteaux dorés de la Bourgogne,Des gas aux larges reins, forts et luisants de trogne,Font la vendange. On goûte au moût en plein soleil,Et le sang du raisin qui coule à flot vermeilN’est pas plus beau ni plus rouge que leur sang rouge.Chez nous, c’est sous le noir et bas plafond d’un bougeQue des voyous blafards, couleur tête de veau,Font la vendange. Ils ont pour vin doux et nouveauLe liquide appelé macadam, une boueJaunâtre, fade, et qui fait monter à leur joueNon la pourpre du sang, mais l’obscur colorisDu pus prêt à crever au bout d’un panaris.
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Vendanges
Richepin, Jean
Texte de Jean Richepin (1881).
Tiré de : Richepin, Jean. La Chanson des gueux, édition définitive, revue et augmentée. Paris : M. Dreyfous, 1881.
Paru aussi in : La Révolte : organe communiste-anarchiste. — Paris : 1887-1894. — Année 5, suppl. litt. au nº 6 (31 oct. 1891)