— Nous ne voyons de salut qu’en la Révolution ! — disent les vignerons.
Les Journaux.
Bon paysan dont la sueur fécondeLes sillons clairs où se forment le vinEt le pain blanc qui doit nourrir le monde,En travaillant, je dois crever de faim ;Le doux soleil, de son or salutaire,Gonfle la grappe et les épis tremblants ;Par devant tous les trésors de la terre,Je dois crever de faim en travaillant !RefrainJe ne crois plus, dans mon âpre misère,A tous les dieux en qui j’avais placé ma foi,Révolution ! déesse au cœur sincère,Justicière au bras fort, je ne crois plus qu’en toi ! (bis)Dans mes guérets, au temps de la couvraille,Les gros corbeaux au sinistre vol brunNe pillent pas tous les grains des semailles :Leur bec vorace en laisse quelques-uns !Malgré l’assaut d’insectes parasites,Mes ceps sont beaux quand la vendange vient :Les exploiteurs tombent dessus bien viteEt cette fois, il ne me reste rien !Au dieu du ciel, aux maîtres de la terre,J’ai réclamé le pain de chaque jour :J’ai vu bientôt se perdre ma prièreDans le désert des deux vides et sourds ;Les dirigeants de notre RépubliqueOnt étalé des lois sur mon chemin,D’aucuns m’ont fait des discours magnifiques,Personne, hélas ! ne m’a donné de pain !Levant le front et redressant le torse,Las d’implorer et de n’obtenir rien,Je ne veux plus compter que sur ma forcePour me défendre et reprendre mon bien.Entendez-vous là-bas le chant des JacquesQui retentit derrière le coteau,Couvrant le son des carillons de Pâques :C’est mon Credo, c’est mon rouge Credo !