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Moisissures

Clovys


Texte de Clovys (≤ 1925). Sur l’air « Le Cri du Poilu » (1915) de Vincent Scotto (1874-1952).


1
Un savant tenace
Et très perspicace,
Vient, sans s’ faire prier,
D’dir’ qu’nous n’somm’s tous que du fumier ;
Si, dans notr’ nature
Tout n’est qu’pourriture,
Faut pas s’fair’ d’soucis
Puisqu’ici-bas tout sent l’moisi :
 
Y’a pas que l’camembert
Qui soit piqué des vers
Dans l’Univers ;
 
Ainsi, le nez, les pieds, les yeux,
Les extrémités et l’milieu,
Moisissures (bis)
Le foi’, la rate et le gésier
Les poumons, le cœur et l’gosier,
Moisissures (bis)
L’estomac et les intestins,
L’épigastre et le médiastin,
Moisissures (bis)
Et, comm’ du fiel décomposé,
La bouch’ qui donne le baiser,
Moisissures (bis)
 
2
Un’ telle formule
N’est pas ridicule,
Si l’on r’garde bien
Ce que val’nt nos contemporains
Des idé’s baroques, :
Des gestes d’loufoques
Y a d’quoi s’dégoûter
D’ air’ parti’ de l’humanité ;
 
C’est le règne des crétins
Des muffl’s et des catins,
Ça sent l’crottin ;
 
Les écrivains, les romanciers,
Petits homm’s à l’âm’ d’épiciers,
Moisissures (bis)
Les généraux, les gouvernants,
Sont, comm’ nous les simples manants,
Moisissures (bis)
Les industriels enrichis,
Bourgeois de Deauville ou d’Vichy,
Moisissures (bis)
Pourquoi tolérons-nous « tout ça » ?
Puisque bientôt « tout ça » sera
Moisissures (bis)
 
3
Pour qu’ la vie soit belle
Et’ se renouvelle
Faut s’ débarrasser
De tout c’ qui nous fait trépasser
Une autre morale
Grand’ment idéale
Devra ’remplacer
Tout’s celles d’un triste passe ;
Pour redresser nos torts
Unissons nos efforts
Nous serons forts
 
Quelle que soit notre opinion,
Et attendant qu’nous devenions,
Moisissures (bis)
Prenons possession des palais
Des maitr’s qui sont comm’ leurs valets,
Moisissures (bis)
Hâtons la décomposition
De ce monde de corruption
Moisissures (bis)
Pour que l’soleil luise demain ;
Malgré qu’ tout soit dans l’genre humain :
Moisissures (bis)

Publié dans la revue La Muse rouge : nouvelle série, nº 6 [1927].