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La Voix des chaînes

anonyme


Texte anonyme (≤1904). Sur l’air : « La Voix des chênes » (1888) de Gustave Goublier (1856-1926), sur des paroles de Francisque et Stéphane Borel.


1
Quand le soleil descend à l’horizon
Teintant Paris or pâle ou cuivre rouge
Un bruit confus s’élève des maisons
Tout aussi bien du palais que du bouge
C’est le sanglot de tous les enchaînés
Vautrés dans l’or ou crevant à la peine
Lugubre bruit de leurs lugubres chaînes
Immense voix des terrestres damnés.
 
refrain
Tant que la lâcheté régnera souveraine,
Partout l’on entendra monter ces bruits de chaînes
Elle chante la lâcheté (bis)
L’horrible voix, l’horrible voix des chaînes.
 
2
Vous qui puissants commandez aux humains
Vous n’êtes pas les maîtres de vous mêmes
L’envie, l’orgueil guident votre chemin
De vous l’aveugle est le bien triste emblème
Tremblez tyrans la folie des grandeurs
Vous harcelant sans repos et sans trêve
l’ait un enfer de votre vie qu’en rêve
Vous avez cru faite de vrai bonheur.
 
refrain
Vous qui d’un vain pouvoir tenez en main les rêves
Écoutez ces bruits qui le soir montent des plaines
Elle maudit votre pouvoir (bis)
La triste voix, la triste voix des chaînes
 
3
Riches bourgeois votre unique souci
C’est d’entasser richesses sur richesses
Au malheureux ne faisant pas merci
À votre boue mêlez la bassesse
Si sans pitié pour son malheureux sort
AÀses clameurs vos oreilles sont sourdes
Sachez bandits que votre chaîne est lourde
Et que du sang tâche ses maillons d’or
 
refrain
Votre cupidité a fait naître la haine
Et contre vous de tous côtés elle déchaîne
À mort le bourgeois éhonté (bis)
Rugit la voix, rugit la voix des chaînes.
 
4
Peuple avachi, écoute bien ces mots
Ces chaînes sont de loi le triste ouvrage
Et gémissant sous lo poids de ces maux
C’est contre toi que doit tourner ta rage
Retiens encore ceci d’un révolté
Si tu veux voir la fin de les souffrances
Il faut d’abord songer à la vengeance
Et l’écrier, justice et vérité.
 
refrain
Pour que la liberté remplace la géhenne
Peuple secoue ta lâcheté brises tes chaînes
Et tu n’entendras plus monter (bis)
L’ignoble voix, l’ignoble voix des chaînes.

Paru aussi dans : Le Libertaire, 4e série (1899-1901), in 10e année, nº 26 (30 avril-6 mai 1904).

Paru aussi dans Le Combat (1905-1906), année 2, nº 2 (14 janvier 1906).