Aux enfants des tyrans,
Pour qu’ils le récitent à leurs pères.
Enfant rieur, que fais-tu làAvec ton fusil sur l’épaule ?Vas-tu d’un pôle à l’autre pôleSemer la mort comme Attila ?Pareil au tueur en liesse,Au guerrier de France ou d’ailleurs,Hélas ! De tes jours les meilleursVas-tu flétrir la joliesse ?Pourtant ton front semble serein,Tout ton être palpite et chante.As-tu donc l’âme si méchante,Le cœur plus dur que de l’airain ?Non, guidé par des mains honnêtes,Tu pris le sentier du DevoirOù l’on meurt, debout, sans rien voirSous l’œil glauques des proxénètes.Séduit par un rêve trompeurDont t’échappe la fin dernière,Tu veux capter mainte bannière,Ô jeune Chevalier sans peur !Mais tes cris de rage et de haine,Jetés par orgueil, sonnent faux.Tu ne saurais prendre une faux,Saper la moindre vie humaine.Quoi ! Pour quelque vieux paladinTu donnerais ta chair vermeilleQuand la tendresse en toi sommeilleEt peut se réveiller soudain !Pour un ministre sans entraille,Au nom des peuples assagis,Tu t’en irais, loin du logis,Hurler sous un ciel de mitraille !Ah ! De ton cerveau jeune encoreChasse ces macabres pensées.Vois, que de têtes fracasséesCache souvent un vain décor.Allons, brise enfin ton épée,Ton fusil ; ces jouets de rois ;Fuis les héros cruels et froids,Et vis… même sans épopée.