On s’est aimé comm’ des damnés,On s’est passionnément donné,Pendant des mois, au bord des lèvres,Le sang a charrié tout’s les fièvres ;Puis, las des frissons d’ la mêm’ chair,On brûl’ c’qu’on adorait hier,On voudrait tuer et maudire,Mais la main flanche et l’cœur chavire…Larm’s et regrets sont superflus,Le souv’nir vous tortur’ sans r’lâche,Il faudrait fuir… mais on n’peut plus…Ah ! l’amour c’que ça vous rend lâche !…Dans la savan’ des préjugésOù les homm’s se sont engagésBêt’ment, sans arm’s parmi les fauves,On cherche en vain les lueurs mauvesD’un horizon libérateurEt les esclav’s transis de peur,Ret’nus dans leur course insenséePar les lianes de la pensée,S’enlis’nt dans la fang’ des grands motsJusqu’à c’ que, fidèle à sa tâche,La mort vienn’ leur glacer les os :L’bonheur n’est pas fait pour les lâches !…On tremble devant le Destin,On r’dout’ la lumièr’ du matin,Dans les bas-fonds où tout est sombre,On a jusqu’à peur de son ombre !Peur de lutter, peur de souffrir,Peur du rêve et peur de l’av’nir :Dans l’existenc’ qui nous dévore,On sue la peur par tous les pores !…Réagir ? – les bras sont liésPar mille invisibles attaches,Les cœurs mous, les cerveaux vidés :Devant la vie, ah ! c’qu’on est lâche !…Et quand vient l’ moment redoutéDu grand saut dans l’éternité,Quand sonn’ le glas d’la délivranceEt que la Camarde s’avanceLent’ment, le rictus dédaigneux,Pour vous fermer enfin les yeux,Au lieu d’ saluer cette auroreLibératrice, on tremble encore !On tremble… devant l’inconnu,On n’os’ mêm’ plus fair’ le bravache,Et, de mêm’ que l’on a vécu,On meurt en lâche !…
Lâcheté
Flesky-Durieux
Texte de Flesky-Durieux / Flesky Du Rieux.