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La Grève des terrassiers

Jouy, Jules


Texte de Jules Jouy (1888). Sur l’air « Orléans Beaugency » ou « Carillon de Vendôme » (15e siècle).


À Louise Michel

Croyez moi, terrassiers,
Afin que vous terrassiez
La meute,
La meute.
 
Des riches, des patrons,
Opposez, à ces poltrons,
L’émeute,
L’émeute.
 
Au lieu de vous courber,
Par terre laissant tomber
Vos pioches,
Vos pioches.
 
Dans Paris, yeux ardents,
Promenez-vous, les mains dans
Mes poches,
Les poches.
 
Terribles et sans voix,
Afin que les bourgeois
Intègres,
Intègres,
 
Vous voyant sans outils,
Se disent : « Où donc vont-ils,
Si maigres ?…
Si maigres ? »
 
Effrayant la villa,
Du fond de Belleville à
Montrouge,
Montrouge.
 
Du matin jusqu’au soir,
Arborez le drapeau noir
eEt rouge,
Et rouge.
 
Parfois, près des chantiers,
Tous, il faut que vous chantiez,
Sinistres,
Sinistres,
 
Dédaignant vos bourreaux,
La chanson qui fait peur aux
Ministres,
Ministres.
 
À leur barbe, à leur nez,
Solidement, maintenez
La grève,
La grève,
 
Pour que l’accapareur,
D’épouvante et de terreur,
En crève,
En crève !

2 aout 1888



Paru dans : Jouy, Jules. Chansons de bataille (Paris, Marpon & Flammarion, 1889, p. 244-246).