Au citoyen Albert Goullé
1S’il est un Dieu créateur de la terre,Où donc est-il ? et qui donc l’a créé ?Le croyant dit : C’est un profond mystère ;Et c’est par lui que l’homme a procréé.S’il est un Dieu, pourquoi fait-il les hommesLâches et vils, tueurs et criminels ?Comment fit-il l’étendue où nous sommes ?Et, tous ces feux qu’on dit être éternales ?(Refrain)Non, le soleil illuminant le monde,Les astres d’or planant dans le ciel bleu,Les océans où la tempête grondeN’affirment point l’existence de Dieu !2S’il est un Dieu, pourquoi fait-il des nègres ?Pourquoi noircir toute une race ainsi ?Pourquoi du miel et pourquoi des fruits aigres ?Pourquoi l’abeille et des frelons aussi ?Pourquoi des rois et des foules vulgaires ?Pourquoi de l’or aux uns ? aux autres rien ?S’il est un Dieu qu’il empêche les guerres !Pourquoi le mal domine-t-il le bien ?refrain3Quand les volcans allument l’incendie,L’homme ébahi s’avoue être ignorant.Dans mille endroits, la mer s’est agrandie :Pourquoi l’abîme et pourquoi le torrent ?Pourquoi l’orage inonde-t-il les terres ?Pourquoi les monts portent-ils des glaçons ?S’il est un Dieu, pourquoi donc les tonnerresEt leurs éclairs brûlent-t-ils les moissons ?refrain4S’il est un Dieu, pourquoi donc la folieExiste-t-elle en des cerveaux nombreux ?Pourquoi faut-il qu’un pauvre s’humilie,En se courbant, devant un homme heureux ?Pourquoi voit-on des castes et des classes ?Des fainéants raillant les travailleurs ?Et des bourgeois volant les populaces ?S’il est un Dieu, pourquoi des fusilleurs ?refrain5S’il est un Dieu, pourquoi nous fait-il bêtesÀ dévorer les autres animaux ?Pourquoi fait-il disparaître nos têtes ?Pourquoi nos corps souffrent-ils tous les mots ?Puisque c’est lui qui, dit-on, nous protège,Pourquoi la rage ? et le tigre qui mort ?S’il est un Dieu, pourquoi fait-il la neige ?Pourquoi le froid, la torture et la morts ?refrain6Victor Hugo, tout croyant qu’il puisse être,N’est qu’un rêveur, un sublime animal.Dût-on jamais m’enfermer à Bicêtre,`Comme Proudhon, je dis : Dieu, c’est le mal !Dieu, c’est l’erreur ; oui, tout le démontre :Pourquoi toujours l’imposer à nos fronts ?S’il est un dieu, qu’il nous parle et se montre !S’il est puissant, nous nous inclinerons.refrain7Non ! Dieu n’est pas ! et je le dis aux prêtres,Au pape, au czar, aux empereurs, aux rois,Non, Dieu n’est pas ! Et vous, souverains maîtres,Vous vous trompez pour nous ravir nos droits.De votre Dieu s’écroule la légende,La vérité guide à présent nos pas.Devant les faits, le mensonge s’amende,Et la raison nous dit : Non, Dieu n’est pas !refrain