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Chanson d’automne

Grandidier, Louis

Texte de Louis Grandidier (1898).

1
Voici que s’amène l’Automne,
Saison tocarde et monotone,
Où les déchards sont pas rupins
Car l’eau trempe, leurs escarpins ;
Dans leurs frusques le vent s’enfile,
Gare aux pauvres qui la refilent !
 
2
Il fait pas bon quand ça brouillasse,
Pour le ratte des sans-paillasses
Sur qui le ciel semble pleurer ;
Leurs coudes peuvent effleurer
La croustille des devantures,
Faut serrer d’un cran leurs ceintures !
 
3
D’aucuns logent en des cahutes
Où par des trous le vent chahute ;
Leurs mômes, sans protons, sans bas,
Crèvent de froid dans ces casbahs,
Et les mères, pauvres femelles,
Pour les petits sont tans mamelles !
 
4
Des purotins, las de leurs peines,
Un jour éclateront les haines
Pour les détenteurs du pognon :
Bien sûr qu’il y aura des gnons !
Tous ces mecs là prendront la tasse,
Sur leur lard se paiera la casse !

Paru dans Le Père Peinard, 2e série, nº 110 (27 novembre-4 décembre 1898)).