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Les Libertaires : chant humanitaire [incomplet]

Decrept, Étienne

Texte d’Étienne Decrept (1896). Musique de Jules Mévisto [Mévisto aîné].

1
Tout nous appartient en ce monde
Où le hasard nous fit surgir :
Et les grappes qu’août fait rougir,
Et les blés à crinière blonde,
Et l’air bleui que nous aimons,
Et le bon soleil et la brise,
Et l’âcre odeur des goémons,
Et la mer chantante qui grise !
 
Nargue à qui prétend nous soumettre !
Car nous n’avons, par la Sangdieu !
Ni feu,
Ni lieu,
Ni Dieu,
Ni Maître !
Car nous n’avons, par la Sangdieu !
Ni toit,
Ni loi,
Ni Roi,
Ni Dieu !
 
2
Quand le printemps dit son poème,
Les belles filles à foison,
Se laissent choir sur le gazon,
Dès que nous chuchotons « Je t’aime ! »
Nous rions des péchés mortels,
En bleuissant la chair des vierges,
Car les talus sont nos autels
Et les vers luisant nos cierges !
 
Nargue à qui prétend nous soumettre !
Car nous n’avons, par la Sangdieu !
Ni feu,
Ni lieu,
Ni Dieu,
Ni Maître !
Car nous n’avons, par la Sangdieu !
Ni toit,
Ni loi,
Ni Roi,
Ni Dieu !
 
3
Nous sommes les preux de la plèbe !
Nous savons bien que le bonheur
Échappe aux doigts du travailleur,
Tordu par certains sur la glèbe !
Mourir de faim, en s’éreintant,
Nous semble si lâche ironie,
Que nous voulons prendre au comptant
Un long crédit à l’agonie !
 
Nargue à qui prétend nous soumettre !
Car nous n’avons, par la Sangdieu !
Ni feu,
Ni lieu,
Ni Dieu,
Ni Maître !
Car nous n’avons, par la Sangdieu !
Ni toit,
Ni loi,
Ni Roi,
Ni Dieu !

Paru aussi dans : Le Libertaire (1895-1899), nº 53 (13-19 novembre 1896), avec la mention « S’adresser, pour la musique, à Mévisto aîné, 41, rue des Martyrs, Paris. ».

Paru aussi — incomplète — dans Les Chansons du Père Peinard, [nº 2 (juillet 1897)].

Paru aussi in : Manfredonia, Gaetano. — Libres ! Toujours… : anthologie de la chanson et de la poésie anarchistes au XIXe siècle. — Lyon : Atelier de création libertaire, 2011 (p. 125).