À tous les imbéciles qu’elle a illuminés
1Dans une maison isolée,Certain soir un cruel banditPénétrait, la face voilée,Et tuait les gens dans leur lit ;Puis abandonnant ses victimes,Il s’enfuit, sans un repentir,Mais revint sur les lieux du crimeOù brillait la flamm’ du souv’nir.2Comme ces assassins vulgairesVienn’nt contempler leurs résultats,On voit, vers les morts de la guerre,Accourir les bandits d’État ;Ayant fait démolir la têteD’un million sept cent mill’ martyrsIls ont, sur l’un de leurs squelettes,Fait briller la flamm’ du souv’nir3Tous les bouchers de viande humaineOnt défilé, en grimaçant,Sous l’arc de triomph’ de la haine,Pour renifler l’odeur du sang…Mais au fond du caveau funèbre,Le spectre se mit à gémirQuand ses bourreaux, dans les ténèbres,Fir’nt briller la flamm’ du souv’nir.4Devant ce nouveau sacrilègeL’ poilu voulut r’voir sa maman,Et pour chasser l’sanglant cortègeSouleva sa dall’ de cimentMais alors, tous ces cannibalesApp’lèrent des flics pour les sout’nir,Puis, armés de fusils et d’ balles,Fir’nt briller la flamm’ du souv’nir.5Tous les pourvoyeurs de cim’tières,Les tyrans et les mercantis,Ont fait jaillir cette lumièrePour prendre, demain nos petits ;Mais lassé de cett’ tragédieL’peuple pourrait’ bien en finirEt dans l’ Grand Soir des incendiesFair’ briller la flamm’ de l’Av’nir.