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La Flamme du souvenir

Clovys


Texte de Clovys (≤ 1925). Sur l’air « Tu t’en vas, et tu nous quittes ».


À tous les imbéciles qu’elle a illuminés

1
Dans une maison isolée,
Certain soir un cruel bandit
Pénétrait, la face voilée,
Et tuait les gens dans leur lit ;
Puis abandonnant ses victimes,
Il s’enfuit, sans un repentir,
Mais revint sur les lieux du crime
Où brillait la flamm’ du souv’nir.
 
2
Comme ces assassins vulgaires
Vienn’nt contempler leurs résultats,
On voit, vers les morts de la guerre,
Accourir les bandits d’État ;
Ayant fait démolir la tête
D’un million sept cent mill’ martyrs
Ils ont, sur l’un de leurs squelettes,
Fait briller la flamm’ du souv’nir
 
3
Tous les bouchers de viande humaine
Ont défilé, en grimaçant,
Sous l’arc de triomph’ de la haine,
Pour renifler l’odeur du sang…
Mais au fond du caveau funèbre,
Le spectre se mit à gémir
Quand ses bourreaux, dans les ténèbres,
Fir’nt briller la flamm’ du souv’nir.
 
4
Devant ce nouveau sacrilège
L’ poilu voulut r’voir sa maman,
Et pour chasser l’sanglant cortège
Souleva sa dall’ de ciment
Mais alors, tous ces cannibales
App’lèrent des flics pour les sout’nir,
Puis, armés de fusils et d’ balles,
Fir’nt briller la flamm’ du souv’nir.
 
5
Tous les pourvoyeurs de cim’tières,
Les tyrans et les mercantis,
Ont fait jaillir cette lumière
Pour prendre, demain nos petits ;
Mais lassé de cett’ tragédie
L’peuple pourrait’ bien en finir
Et dans l’ Grand Soir des incendies
Fair’ briller la flamm’ de l’Av’nir.

Publié aussi dans le recueil nº 11 (1925) de Nos chansons (1920-1930) de La Muse rouge.