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Souvenons-nous

Beylie, Henri


Texte d’Henri Beylie (1896 ?). Sur l’air : « À la Roquette » d’Aristide Bruant.


Aux martyrs espagnols

1
Dans une des prisons de l’Espagne
Cent Libertaires,
Attend’t leur départ pour le bagne
Ce sont nos frères !
Condamnés par tout’ la racaille
Et la noblesse,
Qui lèch’t le cul de la prétaille
Et serr’ les fesses !
 
2
Pour un crim’ qu’ils n’ont pas commis
Tous ces martyrs,
De l’Inquisition rétablie
Ont à souffrir !
La soif, la faim, tout’s les tortures
Dont est capable,
La Bourgeoisie, cette pourriture
Ell’ seule coupable !
 
3
Que chaq’ esclave, chaq’ travailleur
Qui sue et peine,
Grave au plus profond de son cœur
L’ardente Haine !
Souvenons-nous au jour venu
De la souffrance,
Qu’endur’t à Montjuich chaq’ détenu
Avec vaillance !
 
4
Bientôt nous serons victorieux
La Nuit s’achève,
L’armée innombrable des gueux
Voit l’Jour qui s’lève !
Entends-tu, féroce despote
Gronder la Terre,
Et monter les cris de Révolte
Des crève-misère !…
 
5
Nous ne voulons ni Dieu, ni Maîtres
Ni jug’s, ni lois.
Mort à vous tous lâches et traîtres
Mort aux Bourgeois !
La civilisation pourrie
Va disparaître,
Et le grand règne de l’Anarchie
Enfin va naître !

Paru in : Le Cravacheur : organe international des travailleurs, journal hebdomadaire. — Roubaix (1898-1898). — 1re année n° 5 (4-11 mars 1898) : « Cette chanson, faite au moment des affaires de Montjuich, est toujours d’actualité et il est bon de temps en temps de rappeler à ceux qui nous oppriment que nous conservons au plus profond de notre cœur la souvenance. Henri Beylie »