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La Plainte de Populo

Landriot, Achille


Texte d’Achille Landriot (1886). Air « Tas de flambards » [« Tas de chicards, tas de flambards ! » (1885)] (refrain favori de « Les Canotiers de la Seine »), texte et mus. de Ferdinand Gauthier.


Dédié au groupe « La Vengeance »

1
Depuis un siècle, ces crapules
Volent notre or sans scrupules,
Leurs doigts crochus ont des tentacules
Qui sucent le sang du prolétaire.
Admirez donc ces charlatans
Quand ils affichent leurs boniments,
Où, sans vergogne, ces ruminants,
S’affirment capables de tout bien faire
 
(Refrain)
Tas d’sauteurs,
Tas d’blageurs,
Représentants sans pudeur,
Tous coquins,
Tous gredins,
C’est assez faire les malins.
 
2
Toujours ils chantent : plus de mitraille,
Plus de misère pour la canaille ;
Non, plus de pauvres sur la paille ;
Sommes toujours dans l’indigence.
Peuple trop confiant, toujours dupé,
Toujours trahi, toujours volé,
N’est-ce pas assez être mitraillé ?
Soyons cette fois sans indulgence.
 
(refrain)
 
3
Non, plus de lois ; non, plus d’impôts ;
Non, plus de maîtres, plus de suppôts :
C’est assez voir les échafauds,
Qu’enfin s’écroule le vieux monde.
Tous en avant aux barricades
Sans craindre cette fois les dragonnades.
Souvenons-nous des fusillades
Que la vengeance soit bien féconde.
 
(refrain)

Lyon, le 16 février 1886


Paru dans Le Forçat du travail : organe communiste-anarchiste (1885-1886), n° 10 (20 février au 6 mars 1886), rubrique « Lyre anarchique » :
La chanson y est précédée du courrier suivant :

« Paris, le 14 février 1886
Compagnon,
La complaisance avec laquelle vous avez publié dans le n° 9 (dernier paru du
Forçat du travail en date du 6 au 15 fév.) la chanson naturaliste : La Romance du Muf’, du compagnon du groupe la Vengeance, Achille Landriot, m’autorise, si ce n’est pas trop abuser de votre accueil (il est vrai que nous travaillons pour le triomphe de l’anarchie et, pour celà, tous les moyens de propagande sont bons) à vous demander, s’il est possible, l’insertion dans le Forçat premier à paraître, si toute la place n’est pas prise déjà, de cette chanson que vous trouverez au verso.
Une vigoureuse poignée de main. À vous dans l’anarchie,

Achille Landriot »