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La Chanson des prisonniers

Bizeau, Eugène


Texte d’Eugène Bizeau (1927). Sur l’air « La Chanson des peupliers » (1883) de Camille Soubise (1833-1901), musique de Frédéric Doria (1841-1900). Puis musique originale de F.-L. de Cardelus [F. Lagarde de Cardelus] en 1932.


1
La nuit s’en va ; le jour s’allume
Et, dans l’espace illimité,
Un rayon d’or perce la brume
Dont s’enveloppe la cité.
À l’horizon, de noirs fantômes
Fuient devant l’aurore aux doux yeux ;
Mais ce n’est pas pour tous les hommes
Que le soleil renait aux cieux !
 
(refrain)
Entendez-vous la plainte amère
Qui vient des cachots meurtriers ?
Ce morne appel vers la lumière
Qui nous est chère
C’est la « chanson » des prisonniers ! (bis)
 
2
Libre et joyeux d’avoir des ailes,
L’oiseau s’envole en plein azur.
Et le parfum des fleurs nouvelles
Donne à la brise un souffle pur.
Dans les solitudes champêtres
Tout rayonne et chante à la fois :
Mais ce n’est pas pour tous les êtres
Que le printemps verdit les bois !
 
(refrain)
Entendez-vous le bruit des chaînes
Qui vient des cachots meurtriers ?
Entendez-vous ces voix humaines
De sanglots pleines ?…
C’est la « chanson » des prisonniers ! (bis)
 
3
Le renouveau de la nature
Métamorphose l’univers
Et cicatrise la blessure
Que font aux champs les durs hivers.
En attendant la moisson blonde,
La terre en fleurs sourit au jour ;
Mais ce n’est pas pour tout le monde
Qu’il pleut du rêve et de l’amour !
 
(refrain)
Entendez-vous la rumeur sombre
Qui vient des cachots meurtriers ?
Entendez-vous des cœurs sans nombre
Râler dans l’ombre ?…
C’est la « chanson » des prisonniers ! (bis)

Paru dans Le Libertaire, 4e série, 33e année, nº 114 (10 juin 1927).

Paru dans Le Libertaire, 4e série, 38e année, nº 382 (23 déc. 1932).