Aux grévistes belges.
Esclaves, de houille frottés,Nègres des mines, qui luttezSans trêve ;Bêtes qui, du maître au poing dur,Tirez l’énorme bateau surLa grève ;Vous qui descendez, chaque jour,Sous la terre, où, là-bas, le jourSe lève ;Ne vous rendez pas, amis, car,Sachez-le bien, vous vaincrez parLa grève.La grève est le drapeau du Droit ;C’est l’homme sans arme, allant droitAu glaive ;C’est la lutte de l’indigentContre son exploiteur, mangeantLa fève ;Travailleurs, croisez-vous les bras ;Pour que la bataille, ici-bas,Soit brève,Laissant reposer les outils,Arborez, devant les fusils,La grève.Tous les mangés auront leur tour ;Le repas sanglant du vautourS’achève ;L’arbre grandit dans le péril ;Plus vous le coupez, et plus ilS’élève.Ces mitrailles, dans ce bassin,C’est le spasme de l’assassinQui crève ;Capital, mon vieux moribond,Elle t’a donné le charbon ;La grève !
22 mai 1887