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La Grève noire

Jouy, Jules

Texte de Jules Jouy (1887). Sur l’air : « D’la braise » (ca 1885) d’Aristide Bruant.

Aux grévistes belges.

Esclaves, de houille frottés,
Nègres des mines, qui luttez
Sans trêve ;
 
Bêtes qui, du maître au poing dur,
Tirez l’énorme bateau sur
La grève ;
 
Vous qui descendez, chaque jour,
Sous la terre, où, là-bas, le jour
Se lève ;
 
Ne vous rendez pas, amis, car,
Sachez-le bien, vous vaincrez par
La grève.
 
La grève est le drapeau du Droit ;
C’est l’homme sans arme, allant droit
Au glaive ;
 
C’est la lutte de l’indigent
Contre son exploiteur, mangeant
La fève ;
 
Travailleurs, croisez-vous les bras ;
Pour que la bataille, ici-bas,
Soit brève,
 
Laissant reposer les outils,
Arborez, devant les fusils,
La grève.
 
Tous les mangés auront leur tour ;
Le repas sanglant du vautour
S’achève ;
 
L’arbre grandit dans le péril ;
Plus vous le coupez, et plus il
S’élève.
 
Ces mitrailles, dans ce bassin,
C’est le spasme de l’assassin
Qui crève ;
 
Capital, mon vieux moribond,
Elle t’a donné le charbon ;
La grève !

22 mai 1887


Paru dans : Jouy, Jules. Les Chansons de l’année [1887] (Bourbier et Lamoureux, 1888, p. 182-183)

Paru aussi dans : Chansonnier de la révolution. — Genève : Le Réveil socialiste-anarchiste, 1902 (p. 47-48).