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La Guerre

Spes


Texte de Spes (≤1895). Sur l’air : « La Terre » de Jules Jouy.


Quand deux peuples ennemis
Font la guerre,
Les soldats sont réunis
Pour la guerre.
Quittant parents et amis
Pour la guerre,
Ils s’en vont, troupeau soumis,
À la guerre.
 
Faisant un bruyant accueil
À la guerre,
Les chefs ont au front l’orgueil
De la guerre.
Mais chaque famille en deuil
Par la guerre
Attend en pleurs un cercueil
De la guerre.
 
Les typhus, les choléras,
Sourde guerre,
Les déciment, les soldais,
À la guerre :
Sous la neige et les frimas,
À la guerre,
Leurs cadavres font des tas.
Triste guerre !
 
Qui fait pleurer les mamans ?
C’est la guerre.
Qui nous détruit nos enfants ?
C’est la guerre.
S’ils partent, gais et chantants,
Pour la guerre,
Combien reviendront vivants
De la guerre ?
 
Tout commence et tout finit
Par la guerre :
L’enfant qui joue et sourit
À la guerre,
L’homme jeune et fort qui vit
Pour la guerre,
L’invalide qui survit
À la guerre.
 
Mais quand les hommes lassés
De la guerre,
Et de tous les maux causés
Par la guerre,
Se seront débarrassés.
De la guerre,
Tous chanteront, enlacés :
Plus de guerre

Spes (officier de l’active)


Paru aussi dans le « Supplément littéraire » aux Temps nouveaux. — Paris : 1895-1914. — Vol. 1, nº 36, p. 283, suppl. au 1re année, nº 36 (4 janv. 1896).

Paru aussi dans : Chansonnier de la révolution. — Genève : Le Réveil socialiste-anarchiste, 1902 (p. 86-87).