À Auguste Courtois [Liard-Courtois]
1Vous les honnêtes, les serviles,Courbés pour des besognes vilesAux jougse dégradants ;Vous qu’on harcèle et qu’on tiraille,Viande à labeur, viande à mitraille,Esclaves prudents ;Vous que matent des ordonnances,Vous qui des Lois, des ConvenancesÊtes les piliers,Vous n’êtes pas pour nous des hommes :Nous vous renions, car nous sommesLes Irréguliers.2En l’exiguïté d’un mode— Où tout pour elle s’accommodeValeur ou délit —Votre âme sans cesse affolée,Incapable d’une envolée,Stagne et s’aveulit.À la nôtre, à nos gestes largesVos codes sont (même en leurs marges)Inhospitaliers.Nous nous en évadons sans honte :Les Textes ne font point le compteDes Irréguliers.3Un pantin roublard qui s’affubleD’une écharpe ou d’une chasubleScelle vos sermentsTandis qu’un tartuffe notaireTraduit en jargon budgétaireVos accouplements.Pour étreindre la chair aimée,Nous nous passons de la fuméeD’encens séculiers :Ignorant l’hymen marchandise,Nous procréons en abâtardisDes Irréguliers.4Cataloguant : le « mien », le « vôtre »,Votre panmuflisme se vautreEn des âpretésQui, rêvant conquêtes, revanches,Découpent l’univers en tranches,En propriétés.Vous nous en croyez chiens de gardeMais, un four, comme par mégarde,Cherront nos colliers.La Peur alors poignant le maître,Nous jouirons de le soumettreAux Irréguliers !