1L’hydre, c’est la bête fabuleuseQui mange les petits enfants ;C’est la fausse géante ténébreuseQui fait tous les maux triomphants ;C’est la démente qui se targue, en joiePar la souffrance et par l’horreur,D’assombrir l’astre nouveau qui rougeoieAux flancs de ta terre en vainqueur :C’est la fourbe et méchante éducatriceDes victimes des indolents :C’est la sombre hypocrite provocatrice,C’est la meute de chiens hurlants ;Hurlant la mort et la honte et le crimePar la géhenne de malheur !Hurlant aux bords d’un précipice : abîmeOù la foule jette son cœur !C’est l’hydre noire et ses cent mille têtesEt ses cent millions de brasQui mènent et frappent les masses prêtesÀ sacrer qui les châtiera !C’est la bassesse assise sur l’idoleÀ l’ombre de la lâcheté !C’est ta sanie accouplée au symbolePour infester la vérité.Enfin ! C’est la religion : infâme !Déséquilibrant les cerveaux :Atrophiant la conscience et l’âmePour en faire : Proie à corbeaux !C’est la moralisatrice immondeIntroduisant l’insanitéAfin de prédominer par le mondeLa joie et la simplicité.C’est la proxénète qu’il faut proscrireÀ jamais de l’humanité,Pour que l’homme parvienne à s’inscrireAu livre d’or de la beauté !Pour les petits qui viendront, demain, prendreIci-bas leur part d’horizon…Il faut chasser l’hydre noire et la pendreAu grand gibet de la maison.
Paris, le 18 avril 1901