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Profession de foi

Dhervyl, Fernand

Texte de Fernand Dhervyl (≤1899).

Citoyens ! Tel que vous m’voyez,
J’suis candidat collectivisée,
Membre du Parti ouverrier,
Et, d’plus, internationalise.
J’suis l’homm’ de tous ceux qui vot’ront
Pour nous amener la République Sociale avec l’État patron…
J’suis socialiste scientifique !!!
 
C’est nous que nous ferons demain
L’émancipation ouvrière,
Et l’bonheur pour le genre humain
Régnera sur la terre entière…
Ceux qui n’voudront pas être heureux,
On leur démolira la gueule !
Faut d’l’énergie ! Tant pis pour ceux
Qui rouss’pètent et qui nous engueulent !
 
Nous sommes pacifiques : nous marchons
Toujours avec Jaurès ou Guesde ;
C’est de chics types, de bons garçons,
Qui nous viendront toujours en aide.
Avant d’fair’ la Révolution.
Connu’ ces gens-là sont pas des cuistres,
Ils d’mand’dont l’autorisation
De s’révolter à M’sieu l’ministre !
 
Nous sommes dégoûtés souverainement
Par le gâchis parlementaire :
Sénat, Chambre et tout l’tremblement,
Ça n’sert qu’à duper l’prolétaire !…
Aussi, pour nous désinfecter
Et supprimer vivement cett’ cliqu’,
Nous nous f’sons nommer députés
D’la conquêt’ des pouvoirs publics !…
 
Puis nous allons, sages et prudents,
Prêcher la patience aux grévistes…
— Et dir’ qu’il s’ rouv’ des gouvernants
Pour combattr’ les collectivistes !
Faut qu’ils aient la tête à l’envers !
Pour fair’ preuv’ d’autant d’inconscience !
C’est pas eux qu’auraient découvert
La métaphysique des sciences !
 
Y en a qui parlent d’abstention,
De révolte, et d’tout c’qui s’ensuit :
Pour affirmer mes convictions,
Moi, j’fum’ qu’du papier des Trois-Huit.
J’fais d’la bonn’ propagand’ comm’ ça !…
Les aut’s, ils r’naud’nt, ça les renverse !
Ils fum’nt qu’la pip’, ces salauds-là !
Rien qu" pour fair’ tort à not’ commerce !!
 
J’veux plus d’ frontières et plus d’ soldats !…
C’pendant, si notr’ France chérie
Était menacée par ceux d’là-bas,
J’irai défendre ma patrie…
Et, pour l’honneur de mon pays
Et le triomphe de la Sociale,
J’cognerai sur les ennemis
Au cri d’« Viv’ l’Internationale ! »
 
Plus d’homm’s ! plus d’ femm’s ! plus d’Auvergnats !
Plus d’ mécontents ! plus d’pessimistes !!…
Alors, quand n’y aura plus d’tout ça,
Qu’il n’entr’ qu’des collectivistes,
Mais des vrais, des purs du P.-O.,
D’ ceux qu’a l’monopol’ d’la Sociale,
Nous restaurerons « illico »
C’tte bonn’ société féodale !!…

Paru aussi dans : Le Libertaire, 3e série (1899-1901), in nº 5 (3-9 décembre 1899).