1Gentils garçonnets et fillettes blondes,Faites s’envoler vos jeunes chansons.Faites tournoyer follement vos rondes,Chantez à donner envie aux pinsons.Assez tôt pour vous naîtra la souffrance,Assez tôt pour vous naîtront les chagrins,En avant les jeux ! vivent les refrains !Assez tôt pour vous mourra l’espérance.Vos rires joyeux jamais apaisésFont éclore en nous toutes les tendresses,Chair à caresses,Chair a baisers !2Garçonnets moqueurs que vient mettre en joie,Le moindre joujou, pantin ou fusil,De l’ogre Atelier vous serez la proieDès que vous pourrez tenir un outil.Puis, troupeau docile au bras qui le fouaille,Soldats, vous ferez œuvre de bourreaux,Vils jouets aux mains de vos générauxVous irez tomber en quelque bataille.On vous cueillera, saignante moisson,Pour le régiment, l’atelier, la mine,Chair à machine,Chair à canon !3Vos gaîtés aussi seront éphémères,Fillettes, la vie est rude pour vous ;Oui, vous connaîtrez les heures amèresPlus que les instants consolants et doux.Femme d’ouvrier et bête de somme,Ou fille de joie, objet méprisé,(Vase que l’on souille, ou vase brisé),Votre sort vaut moins que celui de l’homme.La Société vous donne à choisir :Cocotte sans cœur ou triste ouvrière,Chair à misère,Chair à plaisir !
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Joies d’enfants
Herbel, Émile
Texte d’Émile Herbel (1889).
Paru dans L’Attaque : organe socialiste révolutionnaire (1888-1890), nº 37 (13-20 avril 1889).