Aux sinistrés d’Algérie.
1Colon ! courage mon garçon !Tu peines dûr ! mais, en échange,Bien belle sera ta moisson !Plus belle encore, ta vendange,Ton blé grandit, ton cep est vert.Vivat ! Hélas la joie est brève :Sur l’aile du vent dit désert,Là-bas, un voile noir s’élève.La joie a fait place aux regrets.Adieu ! blés drus, vigne superbe !Malheureux ! voici les criquets,Qui vont manger ton bien en herbe.2Où l’insecte s’abat, plus rien !Le pillard, en une minute,Met à néant le peu de bienQue créèrent vingt ans de lutte.À jamais ton bonheur a fui.Car le criquet cette vermine,Apporte toujours avec luiEt la misère et la famine.La joie a fait place aux regrets.Adieu ! blés drus, vigne superbe !Malheureux ! voici les criquets,Qui vont manger ton bien en herbe.3Oh ! je comprends qu’après celaTu te plaignes et te révoltes,Car ceux qui gouvernent par làPouvaient préserver les récoltes.Ils connaissaient bien le danger,Mais, contre lui, les armes coûtent.Mieux vaut, dans les palais d’Alger,Festoyer …Toi ! crève ! ils s’en foutent !De Mustapha, les murs discretsOnt vu mainte fête superbe.Et voilà pourquoi les criquetsOnt pu manger ton bien en herbe.