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Le Droit à la vie

Barbet, Henri


Texte d’Henry Barbet (≤1913). Sur l’air « Procréation consciente » (≤1908) de Charles d’Avray.


Homme, si tu veux réfléchir
Que tu ne dois jamais fléchir,
Dans l’existence,
Que tu n’es pas fait pour gémir,
Prier, supplier et subir
Indifférence
De ceux qui volent les produits
Que tu fabriques jours et nuits
Pour le bien-être ;
Tu deviendras l’homme nouveau
Cherchant, en sortant du troupeau,
À te connaitre.
 
La Vie est un droit naturel
De ce fait que l’acte charnel
Ne se commande,
Ni par des dieux, ni par des rois,
Ni par les fabricants de lois
Que tu demandes !…
Si quelqu’un veut te contester
Ce droit, il faut te révolter
Contre un mensonge
Qui nous plonge encor dans l’erreur,
En ce siècle où tout est horreur,
La vie un songe !
 
Le monde est aujourd’hui pourri
Et du vrai, sans cesse on se rit ;
Sans un scrupule.
Le faible pliant sous l’effort
Fut toujours le jouet du fort,
Du plus crapule ;
Car la force prime le droit
Et c’est en vertu de la loi
Que l’on t’opprime !
Cependant, quand tu vas voter,
Tu sanctionnes, sans t’en douter,
Tout ce régime !
 
À quoi bon tous ces magistrats,
Tous ces flics et tous ces soldats ?
Bande tragique !
Pourquoi tous ces politiciens ?
Ces requins qui ne foutent rien
Bande cynique !
Qui sont la cause de nos maux
Et qui te nourrissent de mots
Bien illusoires !
Mais ! de vérité, sois épris,
Et crache enfin tout ton mépris
Sur leurs grimoires !
 
Sans te préoccuper des lois,
Vis ! mais vis, seulement pour toi ;
En égoïste !
Ton individualité,
Combattra toute autorité
Et l’anarchiste,
En toi de ce jour sera né,
Tu ne te croiras plus damné
Parce que libre,
Et conscient de ta Liberté
En détruisant la Société,
Tu voudras vivre !

Paru aussi in : L’Anarchie (1905-1914), nº 453 (1 décembre 1913)