Aux révolutionnaires russes
À F. Numietska
Nobles persécutés, victimes de tous tempsAuxquels on vola tout : liberté, paix et terre ;Martyrs des tzars, martyrs des prêtres et des grands ;— Ô ! ne calmez jamais votre juste colère.Ainsi qu’un feu sacré, sous vos crânes grondants,Attisez-la sans cesse ; et laissez le cratèreDe haine — qu’en vos cœurs ont nourri les tyrans —Bouillonner ardemment en une lave austère.Gardez le souvenir de toutes les rancœursDont vous ont abreuvés vos infâmes vainqueurs,Afin qu’au jour prochain dont j’entrevois l’aurore,Enfin prêts, résolus, vous dressant tout à coup,Vous clamiez un appel vibrant qui fasse écloreLa Révolte, d’un bout du monde à l’autre bout.
Paris, novembre 1903