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La Chanson des béguins

Lanoff, Robert


Texte de Robert Lanoff (ca 1911 ?). Musique par Arthur Drouillon (1863-1921).


1
Les béguins sont caprices fous
D’une nuit, d’un jour ou d’une heure ;
Mais dont le souvenir en nous
À jamais vivace demeure.
Ils sont comme un peu de gaîté
Ensoleillant notre vieillesse,
Lorsque notre cœur attristé
Sanglote éperdu de détresse.
 
2
Les béguins sont désirs d’amour
Qui, passades plus ou moins brèves,
Naissent et meurent, tour tour,
Ainsi qu’il est de tous les rêves ;
Rapides étreintes d’un soir,
Laissant la chair inassouvie,
Où, bien souvent, sans le savoir,
Le cœur reste pris pour la vie !…
 
3
Un sourire, un regard brûlant,
Sous lequel tout l’être frissonne,
Un baiser d’un charme troublant
Et dans un spasme l’on se donne !
Courts instants d’âpre volupté,
Moments d’inoubliable ivresse
Vécus en ce temps enchanté
De notre orageuse jeunesse.
 
4
Sans se connaître aucunement,
L’on se rencontre à l’aventure,
On se plaît, et, tout simplement
À l’oreille on se le murmure.
Cédant à la loi du désir,
D’un gîte l’on se met en quête
Et l’on s’en va s’appartenir
Dans la fièvre d’un tête-à-tête.
 
5
Idylle d’une heure, d’un jour,
Pierreuse, duchesse, mondaine ;
Voilà ce que le mot amour
Veut dire en sa promesse vaine !
Qu’importe l’éternel serment
Qui vous enchaîne et qui vous lie !
L’on s’aime aujourd’hui, follement
Demain, tout s’efface et s’oublie.

http://anarlivres.free.fr/pages/biblio/complements_texte/ChansonsLanoff.html

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3853398.image (Paris : Dufrenne, 1915)