Accueil > Chansons > Sonnet consolant

Sonnet consolant

Richepin, Jean


Texte de Jean Richepin (1876 ?).


Malheur aux pauvres ! c’est l’argent qui rend heureux.
Les riches ont la force, et la gloire et la joie.
Sur leur nez orgueilleux c’est leur or qui rougeoie.
L’or mettrait du soleil même au front d’un lépreux.
 
Ils ont tout : les bons plats, les vieux vins généreux,
Les bijoux, les chevaux, le luxe qui flamboie,
Et les belles putains aux cuirasses de soie
Dont les seins provoquant ne sont nus que pour eux.
 
Bah ! les pauvres, malgré la misère sans trêves,
Ont aussi leurs trésors : les chansons et les rêves.
Ce peu là leur suffit pour rire quelque fois.
 
J’en sais qui sont heureux, et qui n’ont pour fortune
Que ces louis d’un jour nommés les fleurs des bois
Et cet écu rogné qu’on appelle la lune.

Tiré de La Chanson des gueux (1876 ou 1881).

Paru aussi in : Le Révolté : organe communiste anarchiste. — 2e série. — Paris : 1885-1887. — Année 9, nº 1 (9-15 avr. 1887)