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L’Armée veille

Bellot, Étienne


Texte d’Étienne Bellot (1905).


1
Voyez les sur les boulevards,
Attablés, buvant l’eau de cuivre) ;
Dans l’inscience qui s’enivre,
lis sont tous…. patriotocarts.
Ils adorent la muse verte,
Pour mieux rouler dans le ruisseau
Leur attitude est découverte :
lis ont la vertu du pourceau !
 
2
— « C’est nous qui redressons les mœurs,
Disent-ils, en buvant l’absinthe :
Nous veillons pour la « cause sainte »
Et faisons taire les rumeurs.
C’est nous qui dirigeons la danse,
Quand le peuple montre les dents ;
Nous l’assassinons en cadence,
Car nous sommes les conquérants !
 
3
Sous les secousses de l’alcool,
On voit ces singes inutiles,
Avoir des rages de reptiles,
Pour se pousser un brin le col.
Présomptueux en leur langage.
Ces fameux distilleurs de fiel,
Fleurent le sang et Je carnage,
Pour être moins superficiels !
 
4
Quand ils sont en leur paradis,
— Dans les ivresses consommées —
Ils convoitent les renommées,
Qui mitrailleront les taudis !
Dans leurs bêtises exécrables,
Ces ivrognes, ces sacripants,
Deviennent des indécrottables :
Des patriotes-chenapans !

Paru dans : Bellot, Étienne. — Chansons du sang. — Paris, 1905.

Paru aussi dans : L’Anarchie (1905-1914), nº 14 (13 juillet 1905)