À tout il a réplique,Le bonhomme Pasguin,Et ce réveur taquinVoudrait qu’en RépubliqueOn fût républicain.1Dés l’aube battant la semelle,J’ai pour voisin un savetierQui philosophe et se mêleDe refondre le monde entier ;Tous les jours je courbe l’échine,Dit-il, en narguant le destin.Plus maltraité que la machineQu’on graisse au moins chaque matin.2Que de fois je mis une digueÀ mon populaire appétit !Pourtant la nature prodigueSon sein au grand comme au petit !Malgré mon salaire qu’on rogne,Le lundi, je déleste l’eau,El le viveur m’appelle ivrogneQuand j’ai mon coup de picolo.3Pour trente-cinq ans d’esclavage,Mon contremaître un vieux forban,Voit honorer ce long servagePar un petit bout de rubani ;Du crachat de la caletailleJe ne suis nullement épris.Bourgeois ! gardez votre médailleComme je garde mon mépris.4J’admire vos palais de marbreOh la richesse à l’art s’unit,Mais j’envie au faîe de l’arbreLe moineau qui suspend son nid ;Moi, vieux vagabond indocile,Lorsque vient la morte saison,La Loi m’offre pour domicileLes quatre murs de la prison.5Un jour la pensée en récolteEnfantera la vérité ;C’est la haine que l’on récolteQuand on sème l’iniquité.Grâce à mon humeur insoumise,De la mort je brave l’écueilEt crois la Terre promise…Qui recouvrira mon cercueil.
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Le Bonhomme Pasquin
Legentil, Édouard
Texte d’Édouard Legentil (1899).
Paru dans Le Père Peinard, 2e série, nº 125 (12-19 mars 1899).