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Le Père Peinard au populo

Brunel, François

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Texte de François Brunel (1889).

Un version avec variantes et parue en 1900 sous le titre « Le Père Peinard : chanson du populo » dans Le Père Peinard.


J’ai soupé d’leur politique ;
Les politiciens
Nous font une république
Bonn’ à foutr’ aux chiens.
Peuple, n’sois donc plus si flemme,
Au lien d’êtr’ votard,
Faut fair’ tes affair’s toi même :
Te dit l’pèr’ Peinard. (bis)
 
Pendant qu’ton patron se gave,
Toi, t’as l’ventre creux ;
Tu rest’s toujours son esclave ;
Il t’appelle gueux.
À turbiner tu t’esquintes,
T’es toujours déchard ;
Le riche se fout d’tes plaintes :
Te dit l’pèr’ Peinard. (bis)
 
Le comble de l’ironie,
Quand tu crèv’s de faim :
C’est d’entendr’ la Bourgeoisie
T’app’ler Souverain.
Celui qui veut ton suffrage
T’prend pour un jobard,
Fouts-lui ton poing su’ l’visage :
Te dit l’pèr’ Peinard. (bis)
 
Le député que tu nommes
Pour te fair’ des lois,
S’rait-il le meilleur des hommes,
Il n’en vaut pas trois ;
Nuit et jour il fait ripaille,
Et se fait du lard ;
Envoi’ fair’ foutr’ cett’ val’taille :
Te dit l’pèr’ Peinard. (bis)
 
Voter, c’est s’donner un maître
Pour le décorum,
Qui, bientôt deviendra traître,
Dans l’Aquarium.
C’est kif-kif pour un’ brav’ fille,
Dans un lupanar ;
Ell’ sera bientôt pourrie :
Te dit l’pèr’ Peinard. (bis)
 
Un copain passant contr’ maître
Sera plus salop ;
Un soldat parl’ en grand maître,
Quand il est cabot ;
À l’usin’ ou la caserne,
On d’vient plus rossard,
Du moment que l’on gouverne :
Te dit l’pèr’ Peinard. (bis)
 
Si tu cessais de produire
Et d’payer l’impôt,
Il crèverait ce vampire.
D’bourgeois salopiot !
Prends la terre et la machine
Des mains du richard ;
Produits, pour toi, dans l’usine :
Te dit l’pèr’ Peinard. (bis)
 
Si quelqu’un te caus’ patrie
D’un ton convaincu,
Devant c’tte cafarderie,
Fouts-lui l’pied dans l’cul !
Mais n’attends pas qu’on te perde,
En t’faisant soudard,
Fouts-les plutôt dans la merde :
Te dit l’pèr’ Peinard. (bis)
 
Ah ! nom de dieu ! faut qu’ça change,
Assez d’perroquets !
Y’ faut sortir de c’tte fange,
Ouvrons les quinquets !
Gouvernant, patron, jésuite,
Tout ça sent l’mouchard ;
Faut leur foutr’ d’la dynamite !
Te dit l’pèr’ Peinard. (bis)

Édition à 10 centimes avec musique, imp. Brunel, Paris, (1889).

Paru aussi dans La Chanson du Père Duchesne : florilège de la chanson anarchiste. — 2e éd. [& 1re éd. en 1997]. — Paris [France] : Alternative Libertaire, 2002 (p. 6).

Paru aussi in : Manfredonia, Gaetano. — Libres ! Toujours… : anthologie de la chanson et de la poésie anarchistes au XIXe siècle. — Lyon : Atelier de création libertaire, 2011 (p. 75-76).


Record : L’Esprit anarchiste : de la Commune à Mai 68, chansons anarchistes et pacifiques, 1820-1990 (2013)