Accueil > Chansons > Vive la grève

Vive la grève

Lencou, H.


Texte de H. Lencou (≤1896). Air : « Le Roi s’amuse » (1857) de l’opéra Rigoletto Giuseppe Verdi, d’après Victor Hugo.


1
Dans l’usine où grondait naguère
L’âme de feu des hauts-fourneaux,
Plane un lourd silence de guerre…
Plus de bras, plus de chalumeaux.
Sur le pays lassé d’injures
La grève étend son voile noir,
En avant donc ! Honte aux parjures !
Ouvrier, tu feras ton devoir.
 
(Refrain)
Eh quoi ! tu peinerais sans trêve
— Honte au front, gêne en ton taudis —
Pour que le plus vil des bandits
Sur ta chair prît l’or dont il crève ?…
Vive la grève !
 
2
Ouvrier, dans ton logis peut-être
Tu rentreras sans pain demain…
Si tu veux de celui du maître,
Va lui tendre, à genoux, la main !
Sinon, fier gueux, dont la caboche
Ne s’incline qu’à bon escient,
Voici le fond de notre poche :
Repousse l’or humiliant !
 
(refrain)
 
3
Vivre libre ou mourir ! La foule
A compris ton cri de douleur,
Et l’écho le roule et le roule,
Et tous les justes l’ont fait leur…
Que ta face blême et superbe
Sourie aux espoirs revenus :
Chaque grain semé sera gerbe,
Quand luira l’août des va-tout-nus.
 
(refrain)
 
4
À l’appel de l’indépendance,
Lève-toi, solidarité !
Soustrais à ce joug d’impudence
Le labeur et la dignité ;
Et puisse sur l’ingrate terre
Où gît le droit agonisant,
Le sou noirci du prolétaire
S’unir au sou du paysan !
 
(Refrain)
Donnons, donnons, car l’heure est brève,
Et la faim guette les enfants !
Donnons pour qu’aux jours triomphants
Aucun glas de deuil ne s’élève…
C’est pour la grève.

Paru dans l’Almanach socialiste (date ?).

Paru aussi in : La Débâcle sociale. — Ensival (Verviers, 1896-1896), n° 7 (29 mars-5 avr. 1896).