1Dans l’usine où grondait naguèreL’âme de feu des hauts-fourneaux,Plane un lourd silence de guerre…Plus de bras, plus de chalumeaux.Sur le pays lassé d’injuresLa grève étend son voile noir,En avant donc ! Honte aux parjures !Ouvrier, tu feras ton devoir.(Refrain)Eh quoi ! tu peinerais sans trêve— Honte au front, gêne en ton taudis —Pour que le plus vil des banditsSur ta chair prît l’or dont il crève ?…Vive la grève !2Ouvrier, dans ton logis peut-êtreTu rentreras sans pain demain…Si tu veux de celui du maître,Va lui tendre, à genoux, la main !Sinon, fier gueux, dont la cabocheNe s’incline qu’à bon escient,Voici le fond de notre poche :Repousse l’or humiliant !(refrain)3Vivre libre ou mourir ! La fouleA compris ton cri de douleur,Et l’écho le roule et le roule,Et tous les justes l’ont fait leur…Que ta face blême et superbeSourie aux espoirs revenus :Chaque grain semé sera gerbe,Quand luira l’août des va-tout-nus.(refrain)4À l’appel de l’indépendance,Lève-toi, solidarité !Soustrais à ce joug d’impudenceLe labeur et la dignité ;Et puisse sur l’ingrate terreOù gît le droit agonisant,Le sou noirci du prolétaireS’unir au sou du paysan !(Refrain)Donnons, donnons, car l’heure est brève,Et la faim guette les enfants !Donnons pour qu’aux jours triomphantsAucun glas de deuil ne s’élève…C’est pour la grève.
Accueil > Chansons > Vive la grève
Vive la grève
Lencou, H.
Texte de H. Lencou (≤1896). Air : « Le Roi s’amuse » (1857) de l’opéra Rigoletto Giuseppe Verdi, d’après Victor Hugo.
Paru dans l’Almanach socialiste (date ?).
Paru aussi in : La Débâcle sociale. — Ensival (Verviers, 1896-1896), n° 7 (29 mars-5 avr. 1896).