Petits conscrits de vingt ans,Ohé la classe !… en partantÀ l’Armée,Si l’un d’entre vous ne saitPas encor ce que c’estQue l’Armée,Hâtez-vous donc d’entonnerAvant d’être bâillonnésPar l’Armée,Cette petite chansonPour tuyauter ce garçonSur l’ArméeC’est l’exil du nid chériOù tes amours ont fleuriQue l’Armée !Adieu les petits mots douxOn va t’en foutre, mon chouDans l’Armée :En entendant résonnerLes jurons des galonnésDe l’ArméeHélas ! bien souvent ton frontFrémira sous les affrontsDe l’Armée…Morne et docile troupeauAmassé sous un drapeau :C’est l’Armée !Petit bleu, malheur à toi !Si tu ne marches pas droitÀ l’ArméeCar les bagnes algériensNe sont pas faits pour les chiensDans l’Armée,Et les horreurs qu’on subitAu fin fond de Biribi :C’est l’ArméeLa gardienne qui défendLe Capital triomphantC’est l’Armée !Si ton père et tes franginsFont grève le mois prochain,Dans l’ArméeVers l’usine on t’enverraSac au dos et l’arme au brasToute armée,Pour tirer sur tes parents (!) :Voilà pourquoi l’on te prendÀ l’Armée !Ce salaud qui cravachaUn jour un de ses soldats :C’est l’Armée !Duléry mis au poteauD’autres l’y suivant bientôt :C’est l’Armée !Nos rapines de coquinsParmi les douars marocains !C’est l’Armée,Et le souvenir vermeilDe Narbonne et de DraveilC’est l’ArméeMais à présent, avant tout,C’est toi ! mon gâs et c’est nousCette Armée !On verra bien, Nom de Dieu !Si l’on fait ce que l’on veutDe l’Armée ?Le chemin ouvert déjàPar le dix-septième est là,Dans l’Armée !Conscrit, tu t’en souviendrasTout le temps que tu serasÀ l’Armée !
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Chanson pour la classe
Couté, Gaston
Texte de Gaston Couté (1910). Sur l’air « La Terre » de Jules Jouy (1855-1897).
« Chanson satirique d’actualité » parue dans La Guerre sociale (1906-1915), 4e année, nº 43 (5-11 octobre 1910).
– « Biribi » est un bagne militaire.
– Duléry, soldat exécuté en 1910 dans le camp de Biribi (bagne militaire) pour avoir blessé un garde qui le maltraitait.
– Le dix-septième et Narbonne rappellent Le « dix-septième » est le 17e régiment d’infanterie de ligne qui avait fraternisé à Bézier avec les manifestants lors de la révolte des vignerons du Languedoc de 1907 très centrée autour de Narbonne.
– Draveil en mai 1908 et Villeneuve-saint-Georges en juillet 1908 sont des villes où la troupe, sous les ordres de Georges Clemenceau, a tué des grévistes.