Puisque, cet an-ci, les coteauxOnt reçu dans leurs verts manteauxLes dons coutumiers des comètes,Bonnes gens, réjouissez-vousEn songeant au prochain vin doux :Les vignes promettent…Triste Armand, pour te reposerDu travail que tu viens d’oserEt pour en fuir les conséquences,Va te terrer dans un sillonDe tes vignes du LoupillonPendant les vacances :Là-bas — car, tout de même, il fautAprès ces matins d’échafaudUne atmosphère qui vous change —Tu voudras peut-être goûterL’adorable sérénitéDes soirs de vendange ?Mais le vin, coulant en ces soirs,Au pied des honnêtes pressoirs,Aura la couleur de ton crime ;Et tes yeux se refermeront,Bourreau qui joue au vigneronSur quel rouge abîme ?Quant à ce vin, jus de raisinCueilli par tes mains d’assassin,Pas de danger que nul y touche ?Si l’on osait en boire un coupIl pourrait vous laisser un goûtDe sang, dans la bouche !Voilà ton Loupillon foutu :Car, si tous chantaient sa vertuAprès les vendanges dernières,Cette fois-ci — par ton nombril ! —Tu n’en vendras pas un baril,Non ! Moussu Fallières !Mais, pour qu’il ne soit pas perdu,Bois-le donc, à la faveur duPremier gala qui vous rassemble,Avec Alphonse et NicolasCar vous êtes bien faits, hélas !Pour trinquer ensemble…
(Samedi 9 juillet 1910)