En leurs cotillons de futaineQui flottent et claquent au vent,Les filles s’en vont, en rêvant,Laver le linge à la fontaine…Et, sous les couchants au front d’or,Les gâs, en chantant leur romance,Jettent le grain de la semenceAu sein de la glèbe qui dort.De quoi rêvent les filles ?— Des gâs !Et que chantent les gâs ?— Les filles !Timides, sous leurs coiffes blanches,Et prises de vagues espoirs,Les filles aux lourds chignons noirsS’en vont danser, les beaux dimanches ;Et les gâs, entendant gémirLa viole aux voix caressantes,Au plus profond de leur chair sententL’énervant frisson du désir.Que souhaitent les filles ?— Les gâs !Et que veulent les gâs ?— Les filles !Les soirs, parmi les landes pleinesDe l’encens fauve des genêts,Les filles jettent leurs bonnetsPar dessus les moulins des plaines.Et les gâs, en l’ombre des boisOù tremblotte la lune rose,S’en vont cueillir la fleur écloseQui ne se cueille qu’une fois.Qui fait fauter les filles ?— Les gâs !Et qui pousse les gâs ?— Les filles !Par les prés où dorment les songesLes filles vont à pas dolents,Portant l’Ennui dans leurs seins blancsEt sur leurs lèvres des Mensonges ;Et les gâs vont suivant leur cœurQui, dans sa course vagabondeLeur fait faire, avec brune ou blonde,Les étapes de la douleur.Qui délaisse les filles ?— Les gâs !Et qui trompe les gâs ?— Les filles !Les filles vont ; traînant leurs peines,Le front morne et les yeux rougis,Au bas des calvaires où gîtL’amant divin des Madeleines ;Et les gâs, qui ne veulent plusDe l’amour retenter l’épreuve,S’en vont se jeter dans le fleuve,Ou s’étrangler sur les talus…Qui fait pleurer les filles ?— Les gâs !Et trépasser les gâs ?— Les filles !…
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Les Gâs et les filles
Couté, Gaston
Texte de Gaston Couté (1902). Musique (1904) par Eugène Manescau (1869-1940).