J’connais p’us la loi des salaires !Y m’font suer tous ces anarchosEn m’rapp’lant mes ancienn’s paroles ;Si l’on écoutait ces fourneauxOn pourrait jamais conter d’colles.Ils me reproch’nt à tout instantD’êtr’ le chef des autoritaires,Mais j’écout’ pas leur boniment :J’connais p’us la loi des salaires !J’m’en fous de c’que j’ai dit dans l’tempsQuand j’y allais d’tout’ mon éloquence.Pourvu que j’touch’ mes vingt cinq francs,L’populo peuts’serrer la panse.Quand j’gueulais après les blagueursJ’avais pas choisi ma carrière ;J suis r’venu d’mes ancienn’s erreurs :J’connais p’us la loi des salaires !J’en ai-t-y fait des chouett’s discours !On peut les compter par douzaines :La révolution sans détours »« Sera la fin de tout’s nos peines. »Moi j’l’ai fait’ ma révolution,Ell’s sont calmés mes grand’s colères ;Maint’nant j’ai un’ chouett’position.J’connais p’us la loi des salaires !J’disais jadis ; « les travailleurs« Sont condamnés à la famine ;« Y n’connaîtront des jours meilleurs« Qu’en prenant la terre et l’usine »En propageant cett’ véritéOn fait plaisir aux libertaires.Mais j’aim’ bien mieux êtr’ député :J’connais p’us la loi des salaires !« Qu’vous soyez plus ou moins payés« Vous payerez tout en conséquence ;« Pour changer l’sort des salariés« Faut pas s’fier à la gouvernance. »Mais pour avoir des électeursFaut changer son vocabulaire ;Le succès est aux plus menteurs :J’connais p’us la loi des salaires ?Cherchant la popularitéJ’ai bien conseillé la violence(Cette accoucheus’ des sociétés) :J’prêche maint’nant l’calme et la prudence.Je n’con nais qu’un’ chos’, c’est l’Pouvoir.Faut fusiller les libertaires.J’ai changé ma manier de voir :J’connais p’us la loi des salaires !
Pour copie conforme,
Henri Dhorr