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Les Traine-misère

Clément, Jean Baptiste


Texte de Jean Baptiste Clément (≤1885). Musique par Marcel Legay (1851-1915).


Les gens qui traînent la misère
Sont doux comme de vrais agneaux ;
Ils sont parqués sur cette terre
Et menés comme des troupeaux.
Et tout ça souffre et tout ça danse
Pour se donner de l’espérance !
Pour se donner de l’espérance !‎
 
Pourtant les gens à pâle mine
Ont bon courage et bonnes dents,
Grand appétit, grande poitrine,
Mais rien à se mettre dedans.
Et tout ça jeûne et tout ça danse
Pour se donner de l’abstinence !
Pour se donner de l’abstinence !‎
 
Pourtant ces pauvres traîne-guêtres
Sont nombreux comme les fourmis ;
Ils pourraient bien être les maîtres,
Et ce sont eux les plus soumis.
Et tout ça trime, et tout ça danse
Pour s’engourdir dans l’indolence !‎
 
Ils n’ont même pas une pierre,
Pas un centime à protéger !
Ils n’ont pour eux que leur misère
Et leurs deux yeux pour en pleurer.
Et tout ça court et tout ça danse
Pour un beau jour sauver la France !‎
 
Du grand matin à la nuit noire
Ça travaille des quarante ans ;
A l’hôpital finit l’histoire
Et c’est au tour de leurs enfants.
Et tout ça chante et tout ça danse
En attendant la providence !‎
 
En avant deux ! Ô vous qu’on nomme
Chair à canon et sac à vin
Va-nu-pieds et bête de somme,
Traîne-misère et meurt de faim
En avant deux et que tout danse
Pour équilibrer la balance !‎

« Les Traine-misère », paroles des Jean-Baptiste Clément (1885), musique de Marcel Legay

Paru dans : Clément, Jean-Baptiste Clément. — Chansons de Jean-Baptiste Clément. Paris, 1885.
https://www.antiwarsongs.org/canzone.php?lang=fr&id=42651


Paru aussi in :
L’Insurgé : organe communiste-anarchiste (1885-1885), nº 6 (19-26 avril 1885).
La Miseria : comunismo, anarchia (Buenos Aires, 1890-1891), nº 2 (30 novembre 1890)


Record : Travailleurs de la nuit. Chansons pour Alexandre Jacob